La disparition d’Emile, toujours une énigme pour les gendarmes

Photo : Mais où est donc passé Emile?

29 août 2023 | Société

Temps de lecture : 3 minutes

La disparition d’Emile, toujours une énigme pour les gendarmes

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Mais où est donc passé Emile? Près de deux mois après la disparition du petit garçon âgé de deux ans, gardé par ses grands-parents dans leur maison du Vernet, un petit village des Alpes-de-Haute-Provence, les gendarmes semblent toujours dans le brouillard. Le point sur les avancées et les hypothèses de cette inquiétante énigme policière, toujours […]

Mais où est donc passé Emile? Près de deux mois après la disparition du petit garçon âgé de deux ans, gardé par ses grands-parents dans leur maison du Vernet, un petit village des Alpes-de-Haute-Provence, les gendarmes semblent toujours dans le brouillard. Le point sur les avancées et les hypothèses de cette inquiétante énigme policière, toujours sur le bureau des gendarmes de la section de recherches de Marseille.

Information judiciaire élargie

Comme l’a révélé Le Parisien, l’information judiciaire, ouverte au départ pour “recherche des causes de la disparition”, a été élargie à la fin juillet, à la suite d'un réquisitoire supplétif du procureur d'Aix-en-Provence. Elle vise désormais un enlèvement, une arrestation, et la détention et une séquestration arbitraires sur mineur de moins de 15 ans, soit des faits de nature criminelle.

Selon le procureur d’Aix-en-Provence, Jean-Luc Blachon, ce changement de cadre juridique n’est pas la conséquence d’une avancée particulière de l’enquête. “Il permet simplement aux magistrats instructeurs et aux services d'enquête de réaliser des actes d'enquête qui n'étaient pas autorisés dans le cadre initial”, explique-t-il au Parisien.

Les gendarmes face au mystère de la disparition d’Emile

Cinq causes de disparition

Désormais magistrat honoraire, Jacques Dallest, un spécialiste des cold case, a esquissé quelques éléments d’analyse pour mieux discerner le cadre de ce mystère. Comme il le rappelle auprès de Var-Matin, il y a habituellement cinq causes de disparition chez les mineurs: le suicide, l'accident, la disparition volontaire, la mort naturelle et la mort criminelle. Un nombre d'hypothèses qui se réduit pour les petits enfants, avec la mort par accident ou suite à l’intervention d’un tiers, l’enlèvement et la séquestration, et enfin la piste familiale, qui paraît plus tirée par les cheveux pour le magistrat. 

“Certains parlent d’un loup ou d’un aigle, pour moi ça me parait complètement fantaisiste, ajoute-t-il. Mais il ne faut rien écarter, même les pistes les plus saugrenues. Il faut toujours tout imaginer. Il ne faut jamais écarter une piste définitivement.” Le magistrat rappelle enfin que ces enquêtes sont d’ordinaire résolues rapidement, même s’il existe des contre-exemples, comme l’affaire Estelle Mouzin. “Lorsque les enfants ont entre 7 et 12 ans, on peut penser qu’il s’agit d’une disparition liée à quelque chose de sexuel, rappelle Jacques Dallest. Ce qui est beaucoup moins le cas pour les tout jeunes enfants comme le petit Emile. “Cette affaire pourrait devenir un cold case”, avertit-il.

Divergences sur les circonstances de la disparition

Comme le remarque également BFMTV, les versions des deux témoins ayant vu le jeune garçon avant sa disparition semblent diverger. Selon Ève Chancel, journaliste au Parisien, l’un des deux témoins assure qu’Emile descendait vers le cœur du village quand le second explique avoir vu le garçon monter vers sa cabane, un site à flanc de coteaux près d’une falaise. 

Selon la chaîne d’information en continu, Emile adorait cette cabane construite par ses oncles et tantes. “Il n'est donc pas impossible qu'il ait voulu, de lui-même, y retourner”, ajoute BFMTV, qui rappelle toutefois qu’aucune trace du petit garçon n'a pourtant été retrouvée à proximité. De même, les chiens de la Gendarmerie, des Saint-Hubert, ont perdu la trace du petit garçon à 50 mètres de la maison familiale au niveau de la fontaine-lavoir du hameau.

Des moyens conséquents

Des recherches sur 97 hectares de champs, de bois et de terrains escarpés, plus de 800 militaires, pompiers, randonneurs, chasseurs ou simples voisins mobilisés pour les battues, des renforts de gendarmes mobiles venus inspecter deux kilomètres de route… Les gendarmes et la justice ont mis en œuvre les gros moyens pour retrouver l’enfant. Les militaires ont ainsi fouillé la trentaine de maisons du village, qui compte 125 habitants, tous interrogés, et ont relevé le bornage de 1600 lignes téléphoniques dans le secteur au moment de la disparition de l’enfant. 

“L’auteur des faits peut se retrouver parmi toutes ces personnes qui ont borné dans le Haut-Vernet ce jour-là, commente Jacques Dallest dans Var-Matin. En ce qui concerne la piste de l’accident, les enquêteurs ont dû interroger les garages de la région pour savoir si quelqu’un ne serait pas venu pour un problème de carrosserie. C'est du boulot mais c’est un travail que les gendarmes connaissent bien et qui doit mobiliser du monde et aussi qui prend du temps.”

Mais malgré ces moyens importants, il est toujours possible d’être passé à côté d’un indice. Comme le rappelle Jacques Dallest, “on a déjà été confronté à des enfants qui ont été retrouvés morts pas très loin de leur domicile” alors que “tout le monde est passé à côté”. Et de citer le jeune Lucas Tronche, un adolescent disparu en mars 2015 dont les ossements avaient été retrouvés en juin 2021 “dans une zone difficile d’accès à 800 mètres de son domicile”. 

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