À l’occasion de la sortie de la 271e promotion de gardiens de la paix et de la 147e promotion de policiers adjoints de l’école de police de Toulouse, vendredi 25 octobre 2024, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a dévoilé sa stratégie de lutte contre la délinquance et l’« insécurité du quotidien« .
Dans un discours martial, lu simultanément par les préfets dans les écoles de police de Roubaix, Chassieu, Nîmes, Montbéliard et Sens, le ministre de l’Intérieur a demandé aux nouveaux gardiens de la paix « fermeté », « exemplarité » et « unité ». « Ne laissez rien passer, jamais ». « Vous devez incarner la force de l’ordre. Force qui, parce qu’elle est la seule légitime, est la plus nécessaire ».
C’est devant les jeunes nouveaux gardiens de la paix que j’ai tenu ce matin à présenter mon plan contre l’insécurité du quotidien.
Fermeté, exemplarité, unité : C’est ce que devront incarner nos nouveaux gardiens de la paix, avec lesquels j’étais ce matin.
Je suis fier de… pic.twitter.com/I4BNqKoJS3
— Bruno Retailleau (@BrunoRetailleau) October 25, 2024
« Plus qu’une simple lutte, c’est une guerre sans pitié (…) que nous voulons livrer aux délinquants », a-t-il dit, en demandant aux nouveaux policiers d’appliquer la « maxime de guerre » du Maréchal Foch: « liberté d’action, économie de moyens, concentration des efforts ».
Des plans départementaux contre la délinquance
Pour cibler au plus près l’action des services dédiés à la sécurité du quotidien, le ministre de l’Intérieur, qui était accompagné par son ministre délégué à cette question, Nicolas Daragon, a annoncé qu’il réunirait « très prochainement » préfets, directeurs départementaux de la police et commandants de groupement de gendarmerie pour leur demander de concevoir « des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien ». Ces plans, a-t-il ajouté, devront s’appuyer sur un « diagnostic territorial » pour « cibler les points chauds », dont la « cartographie » sera précise et « évolutive ».
S’agissant des opérations « places nettes » menées à l’initiative de son prédécesseur Gérald Darmanin et dont les résultats sont mitigés, M. Retailleau a annoncé leur « refondation » pour « obtenir des résultats plus durables que spectaculaires ». Il préconise à cet égard un travail en amont avec la justice pour mieux identifier les personnes à interpeller. Une circulaire commune avec le ministre de la Justice Didier Migaud sera ainsi élaborée, a-t-il dit.
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La bataille continue contre les stupéfiants
Le ministre de l’Intérieur a réitéré sa volonté de mettre en place un nouveau plan anti stupéfiants pour lutter contre le narcobanditisme, à l’image de ce qui a été fait contre le terrorisme. Soulignant le caractère « essentiel d’un travail conjoint » avec la Justice, il a notamment plaidé de nouveau pour la création d’un statut du repenti et celle d’un parquet national dédié.
Il a évoqué aussi une « intensification » de la délivrance des amendes forfaitaires délictuelles (AFD) contre les consommateurs de drogue, estimant que « fumer un joint ou prendre un rail de coke », c’était « avoir du sang sur les mains ».
L’ancien président des sénateurs LR reprend ainsi peu ou prou les conclusions de la commission d’enquête sénatoriale sur ce sujet, dont il a à cœur de voir la proposition de loi reprise par le gouvernement pour, dit-il, « réarmer l’arsenal législatif ».
Des réservistes pour les collectivités ?
En ces temps de disette budgétaire, Bruno Retailleau a également plaidé pour une « montée en puissance des polices municipales » et un recours à des « patrouilles communes avec les policiers municipaux ». Il précise au passage que les forces de polices municipales auront alors de nouvelles attributions, avec entre autres, l’accès à des bases de données communes aux forces de sécurité. Le ministre a assuré en outre que les collectivités pourraient engager des « réservistes de la Police ou de Gendarmerie » pour avoir des « renforts substantiels sur la voie publique ». « Le modèle que je veux privilégier, c’est celui de la patrouille au bon endroit et au bon moment », a-t-il dit, quand le leitmotiv de Gérald Darmanin était de « mettre du bleu dans la rue » conformément au souhait du président Emmanuel Macron.
(Avec l’AFP)
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