Ils tiraient sur des silhouettes de papier, ils pourront désormais aussi s’entraîner avec de la vidéo: Eva, un nouveau programme “inventé par un policier pour les policiers“, permet aux fonctionnaires de s’entraîner à tirer “dans les conditions les plus proches de la réalité“.
Dans le stand de tir du commissariat du Ve arrondissement de Paris, un mur de papier et un vidéoprojecteur plongent deux policiers sur le parvis du Stade de France un soir de match. Soudain, dos tourné aux fonctionnaires, un individu armé surgit et vise un passant avec son fusil-mitrailleur. “Police, jette ton arme!“, hurlent les deux fonctionnaires. Pas de réaction de l’agresseur. Ils font feu.
Le moniteur de tir fait un arrêt sur image et désigne, avec un pointeur laser, les impacts sur l’écran. “Parfait, thorax et tête“. Soulagement chez les deux policiers, “il n’y a pas eu de dommages collatéraux et le cadre juridique a été respecté“.
L’invention d’Eva (entraînement vidéo assisté) vient du major Pascal Tran, moniteur de tir depuis 13 ans à la Préfecture de police de Paris. “Depuis toujours, les entraînements se faisaient sur des cibles inertes qui” n’incitent “pas à l’analyse. Je voulais innover et apporter un outil visuel et moderne pour les préparer à toutes les situations possibles et renforcer leur maîtrise du cadre juridique“, explique ce fondu de cinéma.
Eva “change tout, parce que le réalisme pousse le policier à travailler comme sur le terrain, seul, à deux ou à trois, avec l’arme qu’il manipule tous les jours et dans son environnement de travail restitué en séquence vidéo dans le stand de tir“, s’enthousiasme le major Tran.
Gares, métro…
Le policier a mis en boîte une centaine de séquences filmées sur la voie publique (gares, centre commerciaux, métro, sites touristiques…) avec des scénarios tirés de situations rencontrées par des policiers. “C’était avant les attentats mais les attaques n’ont fait que renforcer l’idée que cet outil était nécessaire.” Il permet une “immersion sur la voie publique la plus crédible possible avec une contextualisation policière“, enchérit le capitaine Pierre Puente, chef de la division des techniques et de la sécurité en intervention.
“L’idée, ce n’était pas de faire un jeu vidéo mais de les plonger dans des scènes de la vie de tous les jours. A un moment donné, en intervention, il peut être amené à prendre la décision qui sera sans doute la plus difficile de toute sa vie. Avec Eva, on les prépare à réfléchir plus vite, à tirer mais aussi à ne pas tirer“, souligne le capitaine Puente.
Ce nouvel outil ne vise pas à remplacer les trois tirs réglementaires de trente cartouches que les policiers doivent effectuer chaque année. Peu de fonctionnaires ont pu le tester à ce jour, mais ceux qui l’ont fait sont “unanimes et viennent avec beaucoup plus d’enthousiasme s’entraîner“, affirme M. Tran.
“C’est plus interactif. C’est plus motivant que de tirer bêtement contre des cibles, après il faut que les scénarios changent souvent, sinon ça perd en efficacité“, affirme sous couvert d’anonymat un policier, qui a pu l’essayer.
Eva, qui équipe déjà une quinzaine de stands de tir de la police à Paris et en petite couronne, a conquis la Direction centrale de la formation de la police nationale, qui a décidé de le déployer sur toute la France.
Lors des journées du patrimoine, à Paris, le public pourra tester Eva samedi et dimanche à la Préfecture de police mais avec des armes “airsoft“, qui tirent des billes en plastique.
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