<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Des homicides à l’homicidité

Photo : Intervention du RAID à Vincennes, lors des attentats de janvier 2015 (Photo: M.Guyot/L'Essor).

5 novembre 2021 | Société

Temps de lecture : 2 minutes

Des homicides à l’homicidité

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Terrorisme, règlements de compte, violences intrafamiliales, rixes : depuis 2010, le nombre annuel moyen des homicides en France tourne autour de 830. Rapportés à une population de 100.000 habitants, on comptait 1,36 homicide en 2019, contre 2,79 homicides en 1988. Pourtant, assure Alain Bauer, "un profond mouvement de retour de la violence physique est en […]

Terrorisme, règlements de compte, violences intrafamiliales, rixes : depuis 2010, le nombre annuel moyen des homicides en France tourne autour de 830. Rapportés à une population de 100.000 habitants, on comptait 1,36 homicide en 2019, contre 2,79 homicides en 1988.

Pourtant, assure Alain Bauer, "un profond mouvement de retour de la violence physique est en train de se produire. Il est ignoré ou sous-estimé". Le criminologue propose "un indicateur plus complet", baptisé "homicidité", prenant en compte les homicides "réussis" et les tentatives d’homicide.

Du coup, "2020 est la pire année depuis 1973". "Pourquoi, s’interroge-t-il, les tentatives d’homicide ne sont-elles plus mentionnées, alors qu’elles figurent pour les autres délits ?" "Derrière cette violence du quotidien, masquée par les attentats, c’est un processus global de remise en cause d’un acquis fondateur : le droit de vivre."

La sociologue Renée Zauberman, directrice de recherche au Centre de recherche sociologique sur le droit et les institutions pénales, n’écarte pas l’analyse d’Alain Bauer. Dans un entretien à Marianne, début 2021, elle relève une augmentation "bien réelle" des tentatives d’homicide. "On peut tout à faire dire que nous sommes dans une société dans laquelle une violence grave se développe en effet à la marge."

Le criminologue Xavier Raufer note que les progrès de la médecine d’urgence ont fait baisser drastiquement le nombre des homicides "réussis". Une raison de plus pour ne pas séparer les homicides des tentatives "inabouties".

Dans le détail des violences

Il y a six semaines, Le Figaro publiait un bilan analytique de la délinquance pour les six premiers mois de 2021. Selon le quotidien, le degré de violence dépasse celui de 2020 pour la même période. Ce bilan n’a pas été commenté par l’Intérieur.

Ainsi, 350.000 atteintes à l’intégrité physique, majoritairement coups et blessures volontaires, ont été constatées au premier semestre 2021, contre 300.000 au premier semestre 2020 et 320.000 sur la même période de 2019.

La hausse par rapport aux six premiers mois de 2020, marqués par deux mois de confinement, dépasse 16 %. Mais si l’on compare avec la même période en 2019 (avant, donc, la crise sanitaire), la violence a tout même augmenté de 10 %. Les agressions de tout type (sur la voie publique, à l’école ou dans le cadre intrafamilial) avoisinent ainsi en moyenne le chiffre de 2.000 par jour.

Les causes de la mort en mission des gendarmes

Gare aux statistiques

"Il y a trois sortes de mensonges : les mensonges, les sacrés mensonges et les statistiques." Attribuée à l’écrivain Mark Twain, la formule en dit long sur la confiance que nous accordons aux chiffres.

Les statistiques méritent-elles cette mauvaise presse ? Pour ce qui concerne l’évolution des violences et de la délinquance, les statisticiens ne sont pas aidés. Le changement de méthodologie dans les enquêtes de victimation – entre l’enquête actuelle, Cadre de vie et sécurité, apparue en 2007, et l’ancienne, l’Enquête permanente des conditions de vie –, rend impossible les comparaisons sur la durée.

Quant aux statistiques tirées des plaintes, elles sont à prendre avec des pincettes. Une hausse des plaintes ne veut pas forcément dire qu’il y a plus de faits, mais peut-être qu’on les signale davantage…

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