Budget 2026 : l’immobilier en hausse, les véhicules en berne

Photo : Le ministre de l'Intérieur Laurent Nuñez, le 12 novembre 2025 au Sénat lors de son audition par la commission des lois dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances pour 2026. (Capture site Sénat)

13 novembre 2025 | Société

Temps de lecture : 4 minutes

Budget 2026 : l’immobilier en hausse, les véhicules en berne

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Le ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez a présenté ce mercredi au Sénat le budget 2026. Pour la Gendarmerie, l’effort immobilier est inédit, mais le renouvellement du parc automobile est sacrifié.

Le ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez a détaillé, le mercredi 12 novembre, le budget 2026 de son ministère devant la commission des lois du Sénat. Lors de son audition, le locataire de la Place Beauvau a présenté une enveloppe globale de 24,5 milliards d’euros pour son ministère, en hausse de 587 millions. Pour la Gendarmerie, le programme affiche une augmentation de 163 millions d’euros. 

Un investissement immobilier inédit

Le point fort du budget réside dans l’effort immobilier enfin consenti à l’Arme. « Nous avons privilégié la poursuite du renforcement des moyens financiers alloués à l’immobilier, qui augmente de 100 millions », a souligné Laurent Nuñez. Cette hausse porte le budget immobilier à 279 millions d’euros en crédits de paiement. Un coup de pouce bienvenu, mais encore en deçà des 300 à 400 millions nécessaires chaque année et qui ont créé une dette grise de 2,2 milliards d’euros sur les seules dix dernières années.

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À cette enveloppe s’ajoute une autorisation interministérielle pour lancer la consultation d’entreprises concernant la rénovation du site de Satory, dans le cadre d’un partenariat public-privé.

Le grand vide du parc automobile

Mais, la contrainte budgétaire fait que l’effort porté sur l’immobilier se répercute sur les véhicule. En effet, la Gendarmerie a « privilégié, en accord évidemment avec le ministre Bruno Retailleau – et je reprends à mon compte cette orientation – (…)  la poursuite du renforcement des moyens financiers alloués à l’immobilier, qui augmente de 100 millions ». 

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Résultat, selon les chiffres du ministre, avec seulement 600 à 700 acquisitions programmées pour 2026, face à un seuil de renouvellement fixé à 3.750 véhicules, la Gendarmerie accuse un retard important. « Ce vieillissement accéléré du parc a déjà des conséquences opérationnelles », a reconnu le ministre.

Le rapporteur spécial de la mission sécurité pour la Commission des finances, le sénateur (LR) de la Vienne Bruno Belin n’a pas mâché ses mots : « Il faut avoir conscience de ça, mes chers collègues: quand on va voir nos commandants de groupement, nos commandants de compagnie, on va leur promettre pour l’année à venir six véhicules par département. Donc, il va falloir être très économe sur le matériel. « 

Laurent Nuñez a tenté de temporiser, évoquant « une seconde étape dans le cadre de la fin de gestion » qui permettrait « de procéder à des acquisitions supplémentaires ». Mais le ministre a refusé de s’engager « sur des volumes de chiffres », tout en promettant qu’il donnera, à cette occasion, « la priorité aux moyens mobiles ».

Les hélicoptères au bord du crash

Autre point noir : la flotte aérienne. Les 26 Ecureuil A350 de la Gendarmerie approchent les 40 ans d’âge moyen et sont « soit déjà hors service, soit en passe d’être retirés du service », a rappelé le sénateur (LR) des Alpes-Maritimes Henri Leroy. Rapporteur de la mission sécurité pour la commission des lois, il est lui-même ancien gendarme. Selon lui, il manquerait encore 355 millions d’euros pour compléter le renouvellement de cette flotte essentielle

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« C’est vraiment un enjeu opérationnel », a reconnu le ministre. Des travaux sont « en cours pour déterminer le volume d’hélicoptères » nécessaires, notamment des H145, dans la perspective du projet de loi de finances 2027. Laurent Nuñez a néanmoins rappelé que  le renouvellement de la flotte d’hélicoptères de la Gendarmerie a débuté  avec 10 appareils  H160 commandés dans le cadre du plan de relance et 6  H145 commandés en 2024.

400 emplois pour 58 nouvelles brigades

Sur le volet humain, la Gendarmerie obtient 400 créations de postes, loin derrière les 1.000 de la Police nationale. Ces effectifs sont entièrement dédiés au déploiement de 58 nouvelles brigades territoriales en 2026, dans le prolongement du plan des 200 nouvelles brigades.

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« Nous avons fléché ces 400 ETP sur les brigades territoriales, qu’il s’agisse de brigades territoriales fixes ou mobiles », a précisé Laurent Nuñez. 

La réserve à court d’argent.

Du côté de la réserve, l’audition a offert une scène surprenante. Lorsque la sénatrice (UC) des Hauts-de-Seine Isabelle Florennes a rappelé que le général Bonneau ne pouvait plus payer ses réservistes opérationnels, le ministre a répondu benoîtement qu’il n’avait « pas connaissance du fait qu’on ne pouvait plus les payer. Bon, si le DGGN vous l’a dit, ça doit être vrai. Mais moi, je n’avais pas cette information. »

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De fait, « aujourd’hui, nous sommes obligés de ne plus convoquer de réservistes parce que les crédits sont épuisés », avait expliqué le 30 octobre le général d’armée Hubert Bonneau à la commission de la Défense du Sénat. Il avait précisé qu’il s’agissait d’une conséquence du taux d’emploi de la gendarmerie mobile qui l’avait contraint à engager des réservistes, « notamment cet été, sur des compagnies de marche ». Des réservistes francilens étaient alors venus « renforcer les brigades territoriales sur le trait de côte en Bretagne, Pays-de-la-Loire et Aquitaine ».

Laurent Nuñez a néanmoins rappelé que les crédits de la réserve étaient de 100 millions d’euros en 2026, en hausse de 25 millions d’euros.

Une trop lourde procédure 

Enfin, le sénateur (LIRT) de l’Aveyron Alain Marc a relevé « la qualité du renseignement qui s’étiole » parce que « nos gendarmes sont sans doute accaparés par des questions de procédures qui sont extrêmement chronophages ».

Le ministre a acquiescé : « Les gendarmes que je rencontre me disent que la procédure prend de plus en plus de leur temps ». Cela ne pourra durer, a-t-il averti : « il faudra qu’il y ait de la simplification ».

MG

La question du mois

Bruno Retailleau, pour lutter contre la violence et les narcotrafics en Guadeloupe, a confirmé l’installation de « deux escadrons de gendarmerie mobile, sans enlever le peloton de la garde républicaine », mais aussi de « deux brigades nautiques », une de gendarmerie et une de police respectivement en Basse-Terre à Gourbeyre et à Pointe-à-Pitre. Pensez-vous que cela sera une réponse satisfaisante ?

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