A quelques jours de la date commémorative de l’attentat de Nice du 14 juillet 2016, les juges d’instruction antiterroristes ont présenté lundi à Paris leurs investigations lors d’une nouvelle réunion devant plusieurs dizaines de parties civiles, notamment étrangères, selon leurs avocats.
Le 27 juin, les juges avaient déjà présenté les avancées de l’enquête sur l’attentat commis par le Tunisien Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, devant 300 personnes, victimes, proches et avocats, réunies à Nice.
La réplique de cette rencontre organisée lundi après-midi dans la capitale s’adressait plus particulièrement aux parties civiles résidant hors de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, notamment à l’étranger.
Sur les 583 parties civiles reconnues à ce jour, une centaine de victimes, leurs proches et leurs avocats, ont participé à cette réunion, qui s’est tenue comme à Nice à huis-clos. “Cette réunion était nécessaire“, notamment pour “les victimes étrangères qui se sentent exclues et qui attendaient depuis un an“, ont dit Antoine Casubolo Ferro et Valentine Juttner, avocats pour l’Association française des victimes du terrorisme (AFVT).
Trois des six juges qui instruisent le dossier sont revenus sur la soirée où Mohamed Lahouaiej-Bouhlel a tué 86 personnes et en a blessé plus de 450 en roulant avec un camion sur les spectateurs venus assister au feu d’artifice du 14 juillet.
Au total 37 étrangers, de 19 nationalités différentes se trouvaient parmi les victimes, dont Misha Bazelevskyy, étudiant ukrainien au Canada, mort à 22 ans. “Nous sommes venus trouver des réponses et aussi poser des questions“, a dit son frère Andriy. Anneli Kruusberg, une Estonienne qui a perdu son fils Rickard, attendait en particulier “plus de réponses sur la façon dont la ville de Nice a organisé la sécurité de la fête du 14 juillet“, une question récurrente qui fait l’objet d’une enquête distincte à Nice.
Évoquant “le travail colossal” des juges, Eric Morain, avocat pour la FENVAC (Fédération nationale des victimes d’attentats et d’accidents collectifs), a exprimé “un vrai souci” vis à vis de l’indemnisation par le fonds de garantie. Il fait part de son inquiétude au moment où des voix s’élèvent aussi contre la disparition du Secrétariat général de l’aide aux victimes (Sgav).
Les missions de ce Secrétariat, créé au lendemain des attentats du 13 novembre 2015, vont être intégrées à une structure placée sous l’autorité du garde des Sceaux. Ce choix est déploré par quatre associations de victimes, dont Promenade des Anges et la FENVAC, qui ont adressé lundi une lettre ouverte au président Emmanuel Macron en l’appelant “à conserver un interlocuteur rattaché auprès (du) Premier Ministre“.
Dans l’enquête du pôle antiterroriste de Paris, neuf suspects sont toujours écroués, soupçonnés de complicité avec le tueur ou d’avoir joué un rôle dans la fourniture des armes. A ce stade, aucun lien entre le tueur et la mouvance radicale ou avec l’organisation jihadiste Etat islamique, qui avait revendiqué l’attentat, n’a pu être établi par les enquêteurs. “La perspective (pour les juges) est de continuer les investigations“, a dit l’avocat Gérard Chemla.