Son addiction aux jeux pourrait l’amener à la case prison. Un gendarme d’Hirson, dans le département de l’Aisne, aurait parié pour près de 700.000 euros en cinq ans sur des sites en ligne avec l’argent de ses proches, dont au moins un collègue de gendarmerie. Le 7 octobre 2022, il a été jugé pour escroquerie par le tribunal correctionnel de Laon. Le militaire, qui est actuellement en arrêt de travail, risque une peine de deux ans de prison, dont un an avec sursis probatoire pendant deux ans. Le tribunal a mis son jugement en délibéré au 3 novembre.
Plusieurs collègues dénoncent le comportement du gendarme
Escroc et gendarme à la fois, comme l’explique le journal L’Union, le militaire est parvenu à cumuler les deux casquettes durant cinq années. La justice lui reproche d’avoir floué des proches. Tout commence au sein de la Gendarmerie, en août 2021, quand plusieurs gendarmes dénoncent le comportement d’un sous-officier âgé de 22 ans. L’homme leur aurait demandé de l’argent dans des conditions "litigieuses".
Il aurait parié pas loin de 700.000 euros sur des sites de paris en ligne
Huit plaintes sont également déposées à son encontre pour des escroqueries commises entre avril 2021 et janvier 2022. Les investigations mettent alors en évidence une sérieuse dépendance aux jeux de paris sportifs en ligne. Entre 2016 et 2021, il aurait parié 692.429 euros et gagné 514.736 euros sur des sites de paris en ligne. Sans oublier les cafés où il aurait parié au moins 100.000 euros.
Pour emprunter de l’argent à ses proches et à ses collègues, il avait mis en place un stratagème et se serait aussi montré pressant pour arriver à ses fins. Nos confrères, qui précisent que le contrat du gendarme se termine en 2023, écrivent également: "Alors qu’il est en mission en Guyane, il s’invente une maladie qui nécessite un rapatriement sanitaire qu’il doit payer… Il parle de la pierre tombale de son oncle à régler, ou encore de son père qui aurait fait une chute d’un toit et qu’il doit aider… À chaque fois, ceux qu’ils sollicitent finissent par accepter avec des sommes allant pour certains jusqu’à 35.000 euros." Le gendarme aurait aussi signé des chèques au nom de sa sœur qui était hospitalisée…
Un gendarme lui a prêté 35.000 euros
Plusieurs victimes étaient présentes pour témoigner lors du procès du gendarme, le 7 octobre, au tribunal correctionnel de Laon. L’un de ses collègues qui lui a prêté plus de 35.000 euros, ignorait totalement que l’homme était accroc aux jeux. "Je pensais qu’il devait solder des crédits, imaginaires visiblement. Si j’avais su, je n’aurais jamais alimenté cette addiction. C’était un frère d’armes, un frère tout court. Je le ressens comme une grande trahison."
Actuellement en arrêt maladie
Les parents du gendarme auraient déjà remboursé près de 73.000 euros à certaines victimes. Mais d’autres attendent toujours de récupérer leur argent. Actuellement en arrêt maladie, l’homme devra probablement se réorienter. En effet, parmi ses réquisitions, le procureur souhaite que soit prononcée l’interdiction définitive d’exercer la profession de gendarme. Il a également requis une peine de deux ans de prison, dont un an avec sursis probatoire pendant deux ans. Des obligations de soins et de travail ont également été demandées, au même titre qu’une interdiction d’émettre des chèques pendant 15 ans. L’homme pourrait également devoir indemniser les victimes, dont le préjudice global actuel a été évalué à 80.000 euros. Le tribunal correctionnel de Laon a mis son jugement en délibéré au 3 novembre.