Quarante-deux sites d’orpaillage illégal viennent d’être démantelés dans la région de Camopi, (sud-est de la Guyane). Dans le détail, trois zones primaires actives, six chantiers alluvionnaires actifs, deux « curotels » (bivouacs provisoires), 31 campements actifs et 66 caches ont donc été détruits. Lors de cette opération, qui a eu lieu du 17 octobre au 9 novembre, les saisies de matériels et les destructions de chantiers clandestins ont causé un préjudice de plus d’un million et demi d’euros à ces malfaiteurs. Le tribunal de Cayenne a condamné deux hommes à huit mois de prison avec mandat de dépôt. Enfin, cinquante-et-un ressortissants étrangers en situation irrégulière ont fait l’objet de contrôles.
Patrouilles de reconnaissances et d’infiltrations
Des gendarmes et des légionnaires du 3e régiment étranger d’infanterie ont multiplié, pendant ces trois semaines, les missions de reconnaissances et d’infiltrations. Lancée à l’initiative du préfet de la Guyane, l’opération Kapalu a eu lieu dans une zone protégée du parc amazonien de Guyane. Le but était de réduire « drastiquement » les activités d’orpaillage illégal. Déployés sur zone, des patrouilles de gendarmes et de soldats des Forces armées de Guyane, empêchent désormais la réoccupation des sites. En collaboration avec le parquet, des interpellations interviennent pour garantir des poursuites contre les individus impliqués. Ce dispositif s’inscrit ainsi dans une « démarche de long terme, visant à assurer la sécurité des populations locales, préserver nos ressources et restaurer les écosystèmes affectés », commente la préfecture.
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Le mercure empoisonne la Guyane
Depuis les années 1990, l’extraction d’or clandestine génère de multiples conséquences sociales, sanitaires et environnementales. En 2008, les acteurs de la lutte contre l’orpaillage illégal – dont la Gendarmerie au premier plan – ont donc lancés la mission « Harpie », pour contrer ce fléau. Les garimpeiros (chercheurs d’or) fracassent la roche du lit des rivières et agglomèrent les paillettes d’or avec du mercure. Un procédé qui empoisonne les eaux, les sols, la flore et la faune. En effet, le mercure utilisé contamine la chaine alimentaire des poissons. Il met aussi en danger la santé des peuples autochtones vivant le long des fleuves et rivières du territoire. La pêche constitue en effet la base de leur alimentation.
Concurrençant les sites légaux, les garimpeiros menacent la stabilité économique de la Guyane en développant une économie mafieuse. Jour et nuit, les chantiers illégaux sont alimentés. Parfois par pirogues, par quads et même à dos d’homme. Motopompes, carburant et vivres parviennent ainsi sur ces sites. Il y règne règlements de comptes, délinquance et prostitution. Avec la montée régulière du prix de l’or, la Guyane connait une nouvelle ruée vers le métal jaune. Les estimations font état de 7.200 chercheurs d’or clandestins présents en Guyane en 2023, répartis sur 400 sites d’extraction. Ils ont extrait illégalement près de cinq tonnes d’or.
Le lourd tribut de la gendarmerie dans la lutte contre l’orpaillage illégal
La Gendarmerie a déjà payé un lourd tribut dans la lutte contre l’orpaillage illégal. Ainsi, Arnaud Blanc, sous-officier de l’antenne GIGN de Cayenne, a été tué par balle en mars 2023 sur un chantier d’orpaillage. Depuis septembre 2011, Franck Robin, un sous-officier du Groupe d’intervention de la Gendarmerie en Guyane est paraplégique. Conséquence d’une blessure par balle sur un chantier d’orpaillage. Il raconte d’ailleurs dans un livre (« Pour 23 grammes d’or », Mareuil éditions), qui vient de paraître, la lutte incessante contre ces orpailleurs au sein de l’enfer vert.
Pierre-Marie GIRAUD