Ils facilitaient les vols de véhicules en fournissant un kit d’outils pratiques aux criminels. Après deux ans et demi d’enquête des cybergendarmes, 31 personnes ont été interpellées dans toute la France, lundi 10 octobre 2022, lors d’une opération mobilisant plus de 200 gendarmes.
Les investigations avaient été lancées en mars 2020, sur instruction de la section cybercriminalité de la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco). Confiées tout d’abord au Centre de lutte contre les criminalités numériques (C3N), le Commandement de la Gendarmerie dans le cyberespace (ComCyberGend) en avait ensuite pris la charge, après sa création en février 2021.
Le 10 octobre 2022, un vaste coup de filet a donc pu être lancé par les gendarmes dans plusieurs grandes agglomérations françaises, notamment à Paris, Marseille, Lyon et Lille.
Sur les 31 suspects interpellés, 13 ont été placés en garde à vue à Paris. Neuf d’entre-eux ont été mis en examen au cours du weekend, et six ont été incarcérés. Les autres membres présumés ont été auditionnés en province, à Lyon, Montpellier, Lille, Douai, Boulogne-sur-mer, Marseille, Bobigny et Grenoble, mais les suites judiciaires les concernant n’ont pas encore été précisées.
Une solution de vol “clé en main”
D’après la Gendarmerie, l’organisation proposait à la vente sur le Net, des kits contenant des tablettes, des logiciels et des connectiques. Ceux-ci permettaient de “dupliquer des clés de véhicules”, mais également de “programmer des clés vierges sans avoir l’original”, en modifiant les systèmes embarqués qui équipent de nombreux véhicules aujourd’hui. Le site internet, hébergé par plusieurs sociétés basées en France, a enregistré plus de 53.000 connexions selon les cyber-enquêteurs, “pouvant correspondre à autant de vols ou tentatives de reprogrammation de clés”.
Cette solution ‘clé (numérique et frauduleuse) en main’, aurait ainsi permis à plus de 200 voleurs de dérober des véhicules sans avoir à commettre d’effraction. Rien que pour la période courant de décembre 2020 à septembre 2021, le préjudice global dépasserait les 2,7 millions d’euros. D’autres investigations se poursuivent pour des faits antérieurs, à partir de janvier 2019. Elles permettront éventuellement de compléter cette estimation préjudicielle déjà très importante.
Les perquisitions menées ont permis la saisie de plus d’un million d’euros en avoirs criminels, de dizaines de clés de véhicules vierges de toute marque, ainsi que du matériel informatique.
S’appuyant sur une dizaine de revendeurs, le réseau criminel agissait à l’échelle européenne. Outre les Français interpellés, il comptait d’ailleurs dans ses rangs un Espagnol et un Lituanien.
(La rédaction de L’Essor, avec l’AFP)