Nexter et Arquus faisaient office de favoris pour ce marché de renouvellement des véhicules blindés de la Gendarmerie. Mais c'est finalement la société Soframe qui l'emporte. Le ministère de l'Intérieur vient en effet d'annoncer avoir notifié, le 27 octobre 2021, l'attribution du marché au constructeur et commandé 90 nouveaux véhicules blindés de maintien de l'ordre. Ils remplaceront progressivement les véhicules blindés à roues de la Gendarmerie, entrés en service dans les années 1970. Exit donc la piste, un temps évoquée, de la rénovation d'une partie des VBRG, dont certains frôlent les 50 ans.
Dans les coulisses de la rénovation des véhicules blindés de la Gendarmerie (vidéo)
Capable de résister aux munitions de guerre
Deux modèles du constructeur Soframe pouvaient potentiellement correspondre aux attentes de la Gendarmerie pour le remplacement de ses VBRG : le "Multi Purpose Gendarmerie Vehicle" (MPGV), à gauche sur l'image, et le "Armoured Infantery Vehicle" (ARIVE), à droite.
C'est finalement le second qui a été retenu par le ministère de l'Intérieur. Sur son site, Soframe indique que l'ARIVE est un "véhicule 4×4 à haute mobilité et modulaire", pouvant transporter jusqu'à 12 personnes. Mesurant 7,4 mètres de longueur, 2,5m de large et 3,3m de haut sans tourelle, il pèse –en charge– près de 14,5 tonnes. Sa vitesse maximale est de 100km/h.
Comme le spécifiait l'appel de marché initial, au moins une partie de ces véhicules seront dotés d'une lame. Un élément devenu indispensable –notamment lors des opérations de maintien de l'ordre de haute intensité, comme les gendarmes en ont connu lors des manifestations de gilets jaunes ou à Notre-Dame-des-Landes– permettant de déblayer un axe bloqué par des véhicules ou des barricades.
Le véhicule doit aussi permettre aux forces de l’ordre de "conduire des opérations sous le feu" précise le communiqué du ministère. Dans sa version de base, l'ARIVE dispose ainsi d'une protection balistique correspondant au niveau 2 de la classification Otan. C'est-à-dire que son blindage peut résister à des munitions de guerre, telles que celles des fusils d'assaut Kalachnikov.
Ces armes, datant de l'époque soviétique et tristement célèbres, sont régulièrement impliquées lors d'attentats, de règlements de compte sur fond de trafics ou de fusillades. Elles sont également de plus en plus souvent utilisées pour cibler les forces de l'ordre, comme ces derniers jours à Marseille ou à Lyon.
Une phase de validation préalable
Un premier exemplaire de ce nouveau véhicule est attendu avant juin 2022. Cette "tête de série", comme l'indique le ministère de l'Intérieur, subira toute une batterie de tests et d'essais. Probablement menés par les experts du groupement blindé de gendarmerie mobile, basé à Satory, en région parisienne. Ce n'est qu'après cette phase de validation que le reste de la commande pourra être passé.
À terme, 90 de ces blindés de maintien de l'ordre seront ainsi en service sur le territoire français. On ignore encore la répartition finale, mais une partie devrait rejoindre l'outre-mer. Quelques VBMO seront également logiquement mis à disposition du centre national d'entrainement des forces de gendarmerie de Saint-Astier à des fins de formation.
Implantée en Alsace, à Duppigheim, à côté de l'aéroport de Strasbourg, Soframe est une filiale du groupe Lohr, spécialisée dans "la conception et la fabrication de vecteurs tactiques et logistiques protégés répondant aux besoins des forces armées et des forces de sécurité".
Loïc Picard
Le difficile choix du successeur des blindés de la Gendarmerie
