Stade de France: des gendarmes pointent l’échec de la préfecture de police

Quelques jours après la finale chaotique de la Ligue des champions, qui a viré au fiasco sécuritaire – l’engorgement des files d’attentes pour accéder au Stade de France, à Saint-Denis, a abouti à la dispersion de supporteurs qui avaient pourtant leur billet pour assister au match de football entre le Real Madrid et le Liverpool FC – , la question des responsabilités est posée. 

Mais au-delà de l’action des policiers et des gendarmes sur le terrain, à lire entre les lignes, pour certains militaires de la Gendarmerie, cet échec est surtout à imputer au préfet de police de Paris, Didier Lallement. Ainsi, le général (2S) Bertrand Cavallier, une figure du maintien de l’ordre dans l’Arme, s’est interrogé sur Cnews sur “la rigidité du dispositif”.

Une culture du maintien de l'ordre qui doit "évoluer"

Cette organisation “a manqué de souplesse, d'adaptation'', énumère-t-il dans cette interview vidéo. Elle “ne s’est pas du tout adaptée à une situation qui était mutante, et qui a donc posé de gros problèmes”, ajoute-t-il. Avant de poser ensuite diplomatiquement les pieds dans le plat. 

“C’est toute la culture du maintien de l’ordre public de la préfecture de police qui doit évoluer en ce sens”, avertit-il. Mais, poursuit-il, “cela n’est pas nouveau sur la plaque parisienne, nous l’avons vu à l’occasion de manifestations qui ont débordé”. Si ce questionnement était jusqu’ici resté limité à l’Hexagone, l’officier général rappelle que cette “série commence à être lourde à porter pour la réputation de la France”, suggérant qu’il est donc temps de remettre le maintien de l’ordre parisien dans les clous.

Certes, il y a eu quelques belles actions à mettre au crédit des personnels en service ce soir-là, comme ce gendarme mobile qui soigne les yeux d'un enfant atteint par des gaz lacrymogènes, à voir dans la vidéo ci-dessous. Mais de manière générale la presse étrangère a été très critique sur la manœuvre policière.

"Un préfet dangereux et incontrôlé"

De manière encore plus tranchante, un “haut gradé de la Gendarmerie” a déploré, dans les colonnes de Mediapart, “la double faillite d'un ministère qui non seulement ne sait pas gérer un événement sportif de cette ampleur, mais suit les déclarations d’un préfet dangereux et incontrôlé”. Une déclaration qui vise donc cette fois-ci directement Didier Lallement, le préfet. Et ce haut gradé de souligner qu’un tel échec aurait pu être synonyme, dans d’autres pays, d’une démission du ministre de l’Intérieur et du préfet.

Selon Gérald Darmanin, le patron de la Place Beauvau, les problèmes rencontrés au stade de France seraient d’abord dus à une “fraude massive, industrielle et organisée de faux billets” des supporters britanniques, pointés du doigt pour la pagaille de samedi soir, au risque d’entraîner une crise diplomatique avec Londres. Le ministre de l'Intérieur va être auditionné mercredi sur ce sujet par le Sénat.