Le GIGN a tué deux hommes près de Nouméa, portant à treize le nombre de décès depuis le début des troubles en Nouvelle-Calédonie. Les tensions persistent dans la région, notamment autour de la tribu de Saint-Louis.
Deux hommes ont été tués au cours d’une opération de Gendarmerie au sud de Nouméa, dans la nuit de mercredi à jeudi 19 septembre 2024, portant à treize le nombre de décès depuis le début des troubles en Nouvelle-Calédonie. Un membre du Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale (GIGN) a mortellement blessé deux habitants de la tribu kanak de Saint-Louis âgés de 29 et 30 ans, selon un communiqué du procureur de la République de Nouméa Yves Dupas, qui a ouvert deux enquêtes.
Ces coups de feu ont été tirés alors « que des gendarmes en mission d’observation auraient été directement menacés par (un) groupe d’individus armés », selon le magistrat. Les deux hommes tués faisaient l’objet d’un mandat de recherches délivré en juillet contre 13 personnes localisées à la tribu de Saint-Louis, a précisé le procureur.
Une cinquantaine de car-jacking
Ces personnes sont soupçonnées d’être les auteurs de tirs sur les forces de l’ordre, notamment sous l’autorité de Rock Victorin Wamytan, surnommé « Banane », tué le 10 juillet lors d’un échange de tirs avec les gendarmes. Elles sont également soupçonnées d’une cinquantaine de car-jacking à main armée sur la route passant devant la tribu.
Jeudi matin, plusieurs dizaines de personnes s’étaient rassemblées après avoir appris au moins un décès lors de l’opération menée dans la nuit par les gendarmes, donnant lieu à un face-à-face tendu, avant que la tension ne retombe, a constaté une correspondante de l’AFP. Les forces de sécurité ont procédé à des tirs de gaz lacrymogènes.
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« On n’est pas des terroristes, on n’est pas en état de guerre », lançait une mère de famille lors de l’opération. « Pourquoi vous tuez nos enfants ? On n’a pas d’armes », criait aussi Brigitte, une jeune habitante de Saint-Louis.
Dans un communiqué, le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), l’alliance indépendantiste de l’archipel, a déploré un « jeudi noir pour le peuple kanak », accusant l’Etat français d’une « guerre contre la tribu de Saint-Louis » et d’un « génocide » contre la minorité autochtone calédonienne. Des individus ont allumé deux feux de poubelle ou de pneus sur certains axes près de Saint-Louis ou dans la périphérie de Nouméa, selon les correspondants de l’AFP.
En quatre mois la Gendarmerie a essuyé plus de 300 coups de feu
Depuis le début, le 13 mai, des violences liées à la mobilisation indépendantiste contre la réforme du corps électoral, treize personnes ont été tuées, dont deux gendarmes. Ces violences, d’une ampleur inédite depuis la quasi-guerre civile des années 1980, ont par ailleurs blessé des centaines de personnes et causé des dégâts matériels évalués à au moins 2,2 milliards d’euros.
Si la tension est nettement redescendue depuis mi-juillet, le sud de la Grande Terre (l’île principale de l’archipel) est toujours inaccessible par la route. Les forces de l’ordre ont totalement fermé six kilomètres de route en raison de l’insécurité qui règne au niveau de la tribu de Saint-Louis, bastion indépendantiste et passage obligé, à une dizaine de kilomètres de Nouméa. En quatre mois, la Gendarmerie estime avoir essuyé plus de 300 coups de feu.
En raison de la fermeture de la route, les 1.200 personnes habitant la tribu ne peuvent y accéder qu’à pied et après avoir présenté une pièce d’identité aux gendarmes pour pouvoir passer les « verrous », au nord et au sud. Seuls les services de secours et les ambulances peuvent traverser Saint-Louis.
Le couvre-feu toujours en cours en Nouvelle-Calédonie
Ailleurs en Nouvelle-Calédonie, les autorités ont levé la quasi-totalité des barrages mis en place depuis le 13 mai et rétabli la circulation partout. Le couvre-feu en place depuis les émeutes reste toutefois en vigueur de 22h00 à 05h00. Il va même se renforcer à partir du 21 septembre et jusqu’au 24 septembre, date symbolique sur ce territoire du Pacifique. Il sera alors en vigueur de 18h00 à 06h00.
Jour férié sur le « Caillou », le 24 septembre, qui marque la prise de possession de l’archipel par la France en 1853, reste une date sensible en Nouvelle-Calédonie, même si elle a été rebaptisée depuis 2004 « Fête de la Citoyenneté« .
Les autorités ont par ailleurs prolongé les restrictions sur les ventes et la consommation d’alcool, le port d’arme à feu ainsi que la vente d’essence sur l’ensemble du territoire jusqu’au 24 septembre également.
Par Charlotte MANNEVY (AFP)
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