Les gendarmes mobiles et le GIGN ont été appelés en urgence après le déclenchement d’une mutinerie suivie d’une prise d’otage à la prison Majicavo, à Mayotte. L’incident, confirmé à l’AFP par l’Administration pénitentiaire et des sources syndicales, a éclaté samedi, vers 15h00 heure locale. Selon Mayotte la 1ère, une trentaine de détenus ont forcé la porte du quartier du centre de détention, lors de la réintégration. Une centaine de détenus se trouvant dans la cour devaient alors rejoindre leurs cellules. Un « moment très sensible », décrit Vincent Pardoux, secrétaire régional FO pour la Réunion et Mayotte. D’autant plus que cette zone est celle qui concentre le plus de prisonniers.
La mutinerie se transforme en prise d’otage
Des détenus s’en sont tout d’abord pris à un gardien gradé en le frappant avec une barre de fer. Ils lui ont arraché des clés et sa radio. Ce dernier, « blessé légèrement à l’avant-bras » et « très choqué » a toutefois pu se mettre à l’abri. « Mais un second surveillant a été pris en otage dans la cour de promenade », a détaillé de son côté l’Administration pénitentiaire dans un communiqué. Pendant un temps, comme l’évoque La 1ère, la prise d’otage aurait même concerné trois voire quatre surveillants.
Dès le déclenchement de l’alerte, un « PC de crise » a été mis en place à la préfecture de Mayotte. En lien notamment avec le procureur de la République ainsi que le commandant des forces de gendarmerie (ComGend) à Mayotte. Le GIGN ainsi que les gendarmes mobiles d’un escadron actuellement présent sur l’île « sont très vite arrivés sur les lieux et ont permis la libération de l’otage et des agents retranchés » dans des « bureaux de la détention », précise-t-elle.
Au total, près de 80 gendarmes ont été mobilisés, ainsi qu’un hélicoptère des forces aériennes de la Gendarmerie. Le général de brigade Lucien Barth, à la tête du ComGend de Mayotte, a confirmé « plusieurs tirs de moyens de force intermédiaire » sans toutefois qu’il n’y ait de blessés. Ni du côté des forces de l’ordre, ni du côté des personnes détenues.
En parallèle, les participants à la mutinerie avaient allumé un feu dans l’enceinte de la prison principalement de matelas. Des vidéos circulant dans l’après-midi sur les réseaux sociaux montraient d’ailleurs un panache de fumée s’élevant du centre pénitentiaire. L’incendie a pu être rapidement maitrisé par une vingtaine de sapeurs-pompiers.
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Surpopulation carcérale
« On est choqué par ce qui s’est passé », réagit M. Pardoux, qui confirme que la situation sur place « était très tendue ». « Une cellule psychologique a été immédiatement ouverte et sera renforcée dans les jours à venir, tout comme la sécurisation de l’établissement », a annoncé l’Administration pénitentiaire, saluant le « sang-froid et le professionnalisme des personnels du centre pénitentiaire »
Le centre de détention de Majicavo est le lieux d’incarcération d’hommes. Ils sont majoritairement détenus pour une longue peine. La prison disposait initialement de 278 places. Mais la surpopulation y dépassait les 245% au 1er août selon les chiffres du ministère de la Justice.
La densité carcérale globale en France s’établit à 126,4%. Mais dans les maisons d’arrêt, où sont incarcérés les détenus en attente de jugement et ceux condamnés à de courtes peines, elle atteint 151,6%. A Majicavo, elle avoisine les 177%. Pour désengorger l’établissement de Majicavo, un projet de deuxième prison a été annoncé par le ministère de la justice en 2022, mais aucun terrain n’a pour l’heure été retenu.
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