Mayotte dévastée par le cyclone Chido, course contre la montre pour secourir les sinistrés

Photo : Des gendarmes déblaient une route à Mayotte après le passage du cyclone Chido (Ph: Gendarmerie nationale)

16 décembre 2024 | Opérationnel

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Mayotte dévastée par le cyclone Chido, course contre la montre pour secourir les sinistrés

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Face à une catastrophe d'une ampleur sans précédent depuis 90 ans, 800 gendarmes sont mobilisés dans l'archipel où les autorités redoutent plusieurs centaines, voire des milliers de morts.

Une course contre la montre s’engage à Mayotte. Il faut venir en aide aux sinistrés de cet archipel français de l’océan Indien dévasté par le cyclone Chido. L‘eau et la nourriture manquent,  l’hôpital est très endommagé et il faut retrouver des survivants dans les décombres des bidonvilles. Les gendarmes déployés se voient aussi atteints : une cinquantaine de familles relogées et deux casernes particulièrement touchées. 

Les ministres démissionnaires de l’Intérieur et des Outre-mer Bruno Retailleau et François-Noël Buffet, et leur collègue mahorais Thani Mohamed-Soilihi (Francophonie), ont gagné Mayotte ce lundi. L’archipel reste le département le plus pauvre de France. Les autorités redoutent « plusieurs centaines » de morts, peut-être « quelques milliers ». 

« Un nombre considérable de victimes »

Un bilan final sera « très difficile » à établir. La tradition musulmane, très ancrée à Mayotte, veut que les défunts soient enterrés « dans les 24 heures », selon le préfet François-Xavier Bieuville.

« Tous les bidonvilles sont couchés, ce qui laisse augurer un nombre considérable de victimes », a commenté à l’AFP une source proche des autorités. Mayotte compte officiellement 320.000 habitants, « mais on estime qu’il y a 100.000 à 200.000 personnes de plus, compte tenu de l’immigration illégale ». Peu d’habitants en situation irrégulière ont en effet rejoint les centres d’hébergement avant le passage du cyclone, « sans doute de peur d’être contrôlés ». 

Emmanuel Macron présidera une réunion au centre interministériel de crise du ministère de l’Intérieur lundi à 18H00.

« La faim commence à monter »

Des sinistrés ont gagné dimanche les centres d’hébergement, a rapporté Salama Ramia, sénatrice de Mayotte. « Mais il n’y a malheureusement pas d’eau, pas d’électricité, la faim commence à monter. Il est urgent que les aides arrivent. Surtout quand vous voyez des enfants, des bébés, à qui on a rien de concret à proposer », s’alarme l’élue. « Certains de mes voisins ont déjà faim et soif », se désole Lucas Duchaufour, kinésithérapeute installé à Labattoir, sur l’île de Petite-Terre.

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Des habitants évoquent un climat d’insécurité, avec des pillages dans la zone industrielle de Kawéni à Mamoudzou, comme le rapporte Frédéric Bélanger, 52 ans. « On a peur de se faire agresser, de se faire piller », a confié Océane, infirmière au centre hospitalier de Mayotte. Quelque 1.600 policiers et gendarmes se déploient notamment pour « éviter les pillages », selon le préfet.

Une cinquantaine de gendarmes, parfois avec leurs familles, ont dû être relogés

Dans le détail, il y a 800 gendarmes sur place (450 mobiles et 350 départementaux). Les gendarmes mobiles se trouvent dans l’archipel en partie comme renforts permanents du commandement de la gendarmerie de Mayotte. Ils participent aussi à l’opération de « décasage » (destruction de bidonvilles), lancée début décembre. 

Ils devraient se voir prochainement renforcés par 200 collègues, venus de la Réunion et de métropole, a expliqué la gendarmerie à L’Essor. « Leurs missions consistent à concourir aux opérations de secours ; à reconnaître et déblayer les axes routiers, pour faciliter l’intervention des secours ; à garantir l’ordre public afin de rassurer la population et de prévenir les éventuels pillages », a précisé la Gendarmerie.

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Le cyclone Chido n’a donc pas épargné les gendarmes et leurs familles.  « Nous ne comptons ni blessé ni tué parmi les gendarmes et leurs familles », a précisé l’Institution. En revanche, « toutes les casernes ont été touchées, dont deux particulièrement », précise-t-on. « Une cinquantaine de militaire et de familles n’ont plus d’affaires ni de toit mais sont relogés ».

Des eaux de surface proches de 30°C ont favorisé le cyclone Chido

Avec des rafales de vent à plus de 220 km/h, le cyclone Chido – le plus intense connu par Mayotte depuis 90 ans – a ravagé samedi le petit archipel. Un tiers de la population y vit dans de l’habitat précaire, totalement détruit.

Chido a probablement été favorisé par des eaux de surface proches de 30°C, ce qui fournit plus d’énergie aux tempêtes. On observe ce phénomène de réchauffement climatique également cet automne dans l’Atlantique Nord et le Pacifique. L’impact du cyclone à Mayotte a surtout été exceptionnel parce que son oeil a frappé directement les terres.

Système de soins très dégradé et pas de vols commerciaux avant « au mieux dix jours »

Cases anéanties, toits en tôle envolés, poteaux électriques à terre, arbres arrachés : les habitants, confinés pendant le passage du cyclone, ont découvert, sidérés, des scènes de chaos. A travers le territoire, de nombreuses routes se trouvent impraticables et beaucoup de communications coupées.

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La situation du système de soins est « très dégradée avec un hôpital très endommagé et des centres médicaux inopérants », a déclaré la ministre de la Santé Geneviève Darrieussecq.

La tour de contrôle de l’aéroport de Mayotte-Dzaoudzi a également subi de gros dégâts. La reprise des vols commerciaux n’est pas envisagée avant « au mieux dix jours », a précisé lundi à l’AFP une source préfectorale.

Pont aérien et maritime entre la Réunion et Mayotte

Un pont aérien et maritime se met en place depuis l’île de La Réunion, à 1.400 km à vol d’oiseau, pour acheminer du matériel et des personnels médicaux et de secours. 800 personnels de la Sécurité civile et un avion Dash, partent en renfort, avec un hôpital de campagne et du matériel de transmission par satellite. Le dispositif de soutien s’appuie sur trois avions et deux navires militaires, selon l’état-major des armées.

Les secouristes s’attendent à trouver de nombreuses victimes dans les décombres des bidonvilles très peuplés, notamment dans les hauteurs de Mamoudzou, a dit le maire de la ville Ambdilwahedou Soumaila.

(Avec AFP: Jéromine DOUX, Thibault MARCHAND et, à Paris, Sylvie MALIGORNE)

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