L’immobilier des armées est-il menacé par un dangereux effet de ciseau budgétaire? La commission des finances du Sénat vient de publier un rapport instructif sur la situation du parc immobilier de la défense, jeudi 20 juillet. Un document qui tombe très à propos, en pleine polémique sur le budget de la Défense et le départ du chef d’état-major des armées, le général Pierre de Villiers.
Pour le sénateur Dominique de Legge (Ille-et-Vilaine, LR), l’auteur de ce rapport de 90 pages, les besoins de financement de l’immobilier des armées explosent. Ces dernières années, les crédits financiers étaient pourtant en hausse, de 12% depuis 2008. Une augmentation bienvenue mais très loin de couvrir l’ensemble des besoins. Pour le sénateur, il ne manque pas moins de 2,5 milliards d’euros d’investissement pour les six années à venir !
Ces besoins immobiliers non-financés étaient explique Dominique de Legge. ajoute-t-il.
Nouvelle donne
Tout n’est pas si noir cependant. Les besoins des infrastructures prioritaires, « c’est-à-dire destinées à l’accueil et au soutien des nouveaux programmes d’équipements, semblent globalement satisfaits », salue le sénateur. Bâtiments vieillissants, parfois très précaires, comme les soldats de l’opération Sentinelle ont pu le constater aux débuts de cette opération, ou au contraire modernes… En fait, on trouve de tout dans le vaste domaine immobilier de la Défense, qui représente près de 275.000 hectares et une valeur de 16 milliards d’euros.
730 millions d’euros engrangées par des ventes
Ces dernières années, l’équation était simple. A la faveur de la déflation des effectifs militaires, les armées multipliaient les cessions immobilières, y trouvant là une source bienvenue d’argent frais. Sur la période 2015-2019, l’Etat espère ainsi engranger près de 730 millions d’euros. C’est la MRAI , mission pour la réalisation des actifs immobiliers, qui est en charge des cessions immobilières, comme cette caserne militaire à Fontenay-le-Comte (Vendée).
L’irruption du terrorisme djihadiste en France a bouleversé cette donne. Et l’augmentation des effectifs de la force opérationnelle terrestre fait naître de nouveaux besoins immobiliers. Dominique de Legge suggère ainsi de revenir sur la cession des emprises de l’ancien hôpital militaire du Val-de-Grâce, au cœur de Paris, pour augmenter l’offre de logements pour l’opération Sentinelle.
« Pour que l’objectif de doter nos armées d’un budget correspondant à 2 % du PIB ait du sens, on ne peut pas laisser l’état des équipements et des infrastructures se dégrader, augmentant à terme les besoins », souligne Dominique de Legge. « Si, jusqu’à présent, l’intendance a pu suivre grâce au dévouement et au professionnalisme de nos armées, force est de constater que l’état moyen des infrastructures ne cesse de se dégrader », avertit-il enfin. En période de disette budgétaire, un constat très inquiétant.
Gabriel THIERRY
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