"Cela nous est arrivé sur l'autoroute, quand le chauffeur dort sur une aire de repos. Il se réveille le matin et en démarrant, il voit que le réservoir est quasiment à zéro. Il s'est fait siphonner!", raconte à l'Agence France-Presse Christophe Codderrens, patron de C'Express, un transporteur basé à Castelnau-d'Estrétefonds, près de Toulouse. Ses quatorze chauffeurs ont donc désormais pour consigne de se garer le plus en vue possible, dans des zones éclairées, pour éviter ces vols.
Les voleurs se glissent discrètement près du réservoir, "cassent le bouchon, glissent un tuyau dans le réservoir et avec une petite pompe, ils aspirent le gazole pour le transvaser dans des jerricanes, puis les emportent", explique ce chef d'entreprise. Le calcul est vite fait: un réservoir de poids lourd de 500 litres équivaut à un millier d'euros. Même si le carburant n'est pas revendu à ce prix sous le manteau, chaque siphonnage peut rapporter deux ou trois cents euros.
Plus le prix du gazole montera, plus il y a aura de vols
Ce phénomène n'est pas encore massif en France mais "s'accentue". "Mais bon, la cause on la connaît: c'est l'augmentation du prix du gazole, qui a explosé. Et plus il montera, plus on aura de vols", assure M. Codderrens, alors qu'il reçoit une référente sûreté du groupement de gendarmerie de Haute-Garonne, venue le conseiller.
Les autorités insistent sur la nécessité de mettre en place des mesures préventives. "On fait le tour de l'entreprise, on regarde les clôtures, les systèmes d'alarme, de vidéo… tout le système de protection mis en place", précise la maréchale des logis-cheffe Isabelle Maress, l'une des 720 référents sûreté de la Gendarmerie qui multiplient les missions de prévention auprès des acteurs économiques, avec le soutien de 3.600 correspondants formés dans les brigades. Avec la pandémie du Covid, explique la sous-officière, il a fallu améliorer la protection "des entreprises à l'arrêt, donc des marchandises, des véhicules exposés sur des sites vides. Et on continue pour essayer de limiter les dégradations et les vols de carburant en cette période un peu difficile."
Rentrer au dépôt le réservoir vide
La Gendarmerie a également "augmenté le nombre de patrouilles de surveillance générale en journée, mais aussi la nuit", ainsi que sur les autoroutes et les aires de repos, avec des actions de prévention auprès des routiers. "On donne des conseils tels que rentrer au dépôt avec des réservoirs quasiment vides", détaille la référente sûreté.
Une consigne que M. Codderrens donnait auparavant de façon ponctuelle à ses chauffeurs, qui sillonnent la France et les pays limitrophes avec leurs gros porteurs, semi-remorques, plateau-grue ou porte-voitures. "Désormais, le vendredi, on leur demande de rentrer avec le moins de gazole possible" sur le parking de C'Express, équipé "d'halogènes puissants pour éclairer les camions". Depuis un an, le site est cerné de caméras et sous alarme, reliée à un système de télésurveillance.
La vraie solution contre les siphonnages serait, selon lui, un "gazole à un prix cohérent". "Quand il était plus bas, on n'avait pas ces problèmes de vol!".
(avec AFP)
Les référents sûreté au coeur de la sécurisation des exploitations agricoles