Quelques jours après le passage du cyclone Belal qui a causé la mort de quatre personnes à La Réunion, sans pour autant faire les dégâts cataclysmiques redoutés, les moyens de la Gendarmerie sont pleinement mobilisés pour aider l'île de l'océan Indien à retrouver une vie normale. L'Arme n'a pas hésiter à mobiliser l'ensemble de ses moyens de gestion de crise pour porter assistance à la population, en déployant par exemple deux de ses hélicoptères ou encore ses véhicules blindés à roues (VBRG).
Dès la levée du confinement imposé par le passage du cyclone, les forces de sécurité – dont les gendarmes – se sont mises à pied d’œuvre pour mener des opérations de reconnaissance et rétablir au plus vite les moyens de communication ainsi que les axes de circulation. En plus des moyens déjà sur place, près de 150 personnels de la Sécurité civile, des gendarmes ainsi que des agents d’Enedis (le gestionnaire du réseau public de distribution d’électricité) ont été envoyés en renfort sur l'île.
À la levée de l'alerte rouge, mardi 16 janvier 2024, 35% des 870.000 habitants de l'île française étaient privés d'électricité. Trois jours plus tard, ils n'étaient plus que 15.000 selon un bilan communiqué par la préfecture. Au total, plusieurs dizaines de milliers de personnes attendent de retrouver l'accès à l'électricité, à l'eau, ou aux communications, précise la même source.
Des zones difficiles d'accès
Certaines zones montagneuses, notamment les cirques de Salazie, Mafate et Cilaos, joyaux du patrimoine naturel local, demeurent difficiles d'accès. "Salazie, c'est un cirque, avec du relief de part et d'autre (…) il suffit d'un petit éboulement et l'accès est impossible en voiture", explique le capitaine Yannick Herman qui vient de poser son hélicoptère, avec à son bord un technicien en téléphonie, sur les hauteurs de la forêt primaire de Bélouve, où une antenne Orange est installée.
Après un éboulement sur une route, "l'hélicoptère était le seul moyen d'accéder au site", explique le pilote arrivé de l'Hexagone, en appui des secours locaux. En quelques minutes, le réseau de téléphonie mobile est rétabli: les moyens aériens tournent à plein régime pour remédier aux dommages du cyclone Belal sur l'île de l'océan Indien.
Ici, "les gens n'ont pas de réseau depuis le passage du cyclone", détaille Gérard Hoarau, le technicien de l'entreprise Orange qui a participé à cette opération. Six missions ont eu lieu ces derniers jours, notamment au profit de la préfecture, de la Sécurité civile, ou encore pour une reconnaissance au profit des habitants isolés du cirque de Mafate. Le site au relief montagneux, sur les hauteurs de l'Ouest de l'île, ne compte aucun accès routier.
À la levée de l'alerte rouge, 140 antennes mobile étaient hors service, "la plupart" pour des défauts d'énergie, et "vendredi à 10h00 (heure locale), deux tiers de ces antennes avaient été rétablies", a indiqué à l'AFP Sandra Moreau, directrice communication d'Orange à La Réunion. Elle évoque des sites "dans des zones très boisées, dont les chemins forestiers sont devenus impraticables en raison des dégâts causés à la végétation".
Cartographie de crise
Plus tôt, le même hélicoptère de la Gendarmerie équipé d'un système de cartographie de crise (SC2) survolait l'île. Cet outil permet de "se rendre compte des différentes modifications de terrain, et de cartographier des zones qui auraient été totalement dévastées" après une catastrophe naturelle, comme un cyclone, détaille Jean Christophe Grosse, l'un des deux opérateurs embarqués pour ce vol de reconnaissance.
Fixé à l'appareil, le SC2 est notamment équipé d'un appareil photo qui réalise de nombreux clichés en vol dans une zone définie. L'assemblage des photos permet ensuite de produire une carte sur une superficie de 200 km² en quatre heures, précise le gendarme. Comparer cette nouvelle carte aux données cartographiques déjà existantes, permet de "voir les endroits où le relief a bougé", notamment pour "anticiper les sites à risque en cas de nouvelles catastrophes", détaille le chef d'escadron.
Dans le cirque de Salazie, certains dégâts du cyclone sont encore bien visibles depuis les airs. En contrebas, une route est coupée et la circulation filtrée. Plus loin, un glissement de terrain a éventré une falaise sur plusieurs dizaines de mètres. A l'ombre du relief, les plants d'un champ de bananier ont été couchés sur le sol par la force du vent, illustration d'un secteur agricole particulièrement sinistré par les ravages du cyclone.
(Rédaction de L'Essor, avec l'AFP)