<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Les gendarmes interceptent un go-fast de trafiquants de civelles entre la France et l’Espagne

Photo : En France, comme en Europe, la pêche aux civelles, cette espèce en voie d'extinction, est très réglementée. Seuls quelques pêcheurs disposant d'une licence peuvent la pratiquer avec des quotas drastiques. (Photo d'illustration: JP.Bazard/WikimediaCommons)

21 mars 2023 | Opérationnel

Temps de lecture : 2 minutes

Les gendarmes interceptent un go-fast de trafiquants de civelles entre la France et l’Espagne

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Lorsque l'on parle de go-fast –ces convois de véhicules de trafiquants qui filent à toute vitesse pour échapper aux contrôles de police ou aux potentielles attaques de la concurrence– c'est généralement pour évoquer des cargaisons de cannabis ou de cocaïne. Mais cette fois, c'est un go-fast peu ordinaire qu'ont intercepté les gendarmes. L'opération, menée lundi 13 mars 2023, a permis de stopper quatre trafiquants et de mettre la main sur 118 kg de civelles, des alevins d'anguilles dont l’espèce est menacée et pourtant très prisée, notamment en Asie. Là-bas, le kilo peut atteindre plus de 5.000 euros à la revente, voire davantage sur le marché noir. Son trafic n'est pas nouveau mais, preuve que les autorités se préoccupent de plus en plus des questions environnementales, il fait l'objet d'une surveillance chaque jour plus importante, tant par les autorités douanières que judiciaires.

Pour cette opération, ce sont les enquêteurs de l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (Oclaesp) et de l'Office français pour la biodiversité (OFB) qui étaient aux manettes. Appuyés par l'antenne du GIGN (AGIGN) de Reims, les gendarmes ont stoppé deux véhicules qui filaient vers l'Espagne, avec à leur bord, quatre hommes et 118 kg de civelles. La valeur marchande de cette cargaison a été estimée à 350.000 euros par les gendarmes. Lors de perquisitions menées suite à cette opération, du matériel de confection de viviers et de pêche a également été découvert aux domiciles des suspects et dans un hangar servant au recueil des civelles.

Originaires de Loire-Atlantique, les trafiquants sévissaient notamment en Vendée, parmi les premières régions productrices de ces petits poissons tant convoités. Sur les deux dernières saisons de pêche, comme le précise la Gendarmerie, l'Oclaesp et l'OFB auraient ainsi identifié "plus d'une dizaine de trajets vers l'Espagne". Là-bas, les civelles étaient conditionnées et envoyées vers la Chine.

Déjà connus pour des faits similaires, les quatre hommes ont été mis en examen par un juge d'instruction de la Roche-sur-Yon. Trois ont été placés en détention provisoire.

Une espèce en déclin

Comme le relevait le magazine Géo en 2018, l'espèce, en "déclin notoire" depuis une quarantaine d'années, est "protégée depuis 2009 au titre de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (Cites)". Sa pêche est donc "très strictement réglementée". Uniquement autorisée pour quelques pêcheurs titulaires d'une licence dédiée, elle est notamment soumise à un système de quotas, une partie étant destinée à la consommation, et l'autre au repeuplement.

En Europe, l'exportation hors UE de civelles est interdite depuis 2010. Des mesures pour protéger cette espèce en voie d'extinction. Mais face à une forte demande, principalement asiatique, une filière de contrebande s'est mise en place. Elle serait l'une des causes de la chute de 75 % de la population de l'anguille européenne, dite "Anguilla Anguilla", en trente ans. Avec un prix qui se négocie entre 700 et 900 euros le kilo en France, mais jusqu'à 5.000 euros en Asie, la valeur annuelle estimée du trafic illégal de civelles est estimée à 3 milliards d'euros.

Un trafic international de civelles démantelé en Gironde par les gendarmes

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