A raison de 90.000 euros le kg – un chiffre record – l’or reste plus que jamais une valeur refuge pour les investisseurs. Il garde aussi pour les malfaiteurs un grand intérêt pour blanchir le produit de vols de bijoux ou d’objets d’art. Au terme d’une longue enquête, les gendarmes de la section de recherches (SR) de Dijon viennent de démanteler un réseau de négoce d’or occulte. Retour sur cette opération révélée ce jeudi par la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Nancy.
Blanchiment en bande organisé
Dimanche 16 mars, plusieurs dizaines de gendarmes de la SR de Dijon et des groupements de Côte d’Or et de Saône-et-Loire, interpellent quatorze personnes dans le secteur de Beaune (Côte d’Or). L’opération se déroule dans le cadre d’une information judiciaire ouverte à la Jirs de Nancy sous la qualification de « blanchiment en bande organisée du produit d’un crime ou d’un délit« . Elle concerne des faits de négoce d’or occulte susceptibles d’impliquer des antiquaires ou brocanteurs français et un ressortissant polonais. Celui-ci est soupçonné de collecter les métaux précieux sur le territoire national pour les revendre à l’étranger.
Important réseau occulte d’achat et de vente d’or
Tout commence par un renseignement parvenu à la Gendarmerie sur l’activité d’un collecteur d’or étranger « particulièrement actif sur le territoire français« . L’enquête préliminaire, initialement ouverte par le parquet de Dijon, est alors confiée à la SR de Dijon. Au vu de l’ampleur et de la complexité des investigations à mener, le parquet de Dijon se dessaisit au profit du parquet de la Jirs de Nancy. Une information judiciaire est donc ouverte.
L’enquête des gendarmes, menée durant plus d’une année, met alors en évidence un important réseau occulte d’achat et de revente d’or destiné à l’étranger. Les collectes ont lieu de une à deux fois par mois en France, en particulier à Beaune. Chaque collecte pouvait porter sur des montants de plusieurs centaines de milliers d’euros. Les interpellations sont intervenues lors de transactions entre des professionnels beaunois et le suspect polonais. Celui-ci est accompagné d’un chauffeur, déjà repéré à ses côtés lors de précédents déplacements.
Des saisies importantes sont ensuite réalisées, avec l’assistance de l’Office central de lutte contre les trafics de biens culturels (OCBC). Les enquêteurs saisissent alors plus de 400.000 euros en espèces, dont 300.000 euros destinés à l’achat de métaux précieux auprès de revendeurs français. Ils saisissent également des métaux précieux, des objets de valeur et des comptes bancaires. La valeur totale des saisies est de l’ordre de deux millions d’euros.
À l’issue des gardes à vue, deux ressortissants polonais et cinq antiquaires ou brocanteurs français ont été mis en examen. Deux ont été placés en détention provisoire et les cinq autres sous contrôle judiciaire.
PMG