Le Taser 10, testé à Saint-Astier, limite le risque de blessures graves

Photo : Comme pour les modèles précédents du Taser, interdiction formelle de viser la tête, le cou et les parties génitales, et de tirer sur une personne en voiture. (Photo d'illustration: Axon)

17 août 2024 | Opérationnel

Temps de lecture : 3 minutes

Le Taser 10, testé à Saint-Astier, limite le risque de blessures graves

par , | Opérationnel

Le Taser 10, petit dernier de la famille Taser, est doté d’un chargeur de dix cartouches individuelles. Comme les deux modèles précédents (X26P et Taser 7), il tire deux dards – l’un au pôle positif, l’autre au pôle négatif –, délivrant une décharge électrique de plusieurs dizaines de milliers de volts, paralysant temporairement le système nerveux de la personne visée.

Avec le Taser 10, son dernier modèle de Pistolet à impulsion électrique (PIE), la société américaine Axon cherche à ouvrir de nouveaux marchés chez les gendarmes et les policiers, nationaux et municipaux.

Il porte plus loin, tire plus vite et avec davantage de précision. Le Taser 10, petit dernier de la famille Taser, est doté d’un chargeur de dix cartouches individuelles. Comme les deux modèles précédents (X26P et Taser 7), il tire deux dards – l’un au pôle positif, l’autre au pôle négatif –, délivrant une décharge électrique de plusieurs dizaines de milliers de volts, paralysant temporairement le système nerveux de la personne visée. À condition toutefois que les deux dards s’accrochent à ses vêtements avec un écart de 30 cm, de manière à provoquer une rupture électro musculaire. La douleur est alors assez vive, comme l’avait constaté l’auteur de ces lignes lors d’une démonstration, il y a quelques années… il s’était effondré sur lui-même, soutenu par deux personnes.

D’une manière générale, quel que soit le modèle utilisé, ce PIE est d’autant plus efficace que l’individu qu’il touche est musclé. Mais si l’un des deux dards ne s’accroche pas aux vêtements de la personne visée, la décharge électrique n’a pas lieu, et le gendarme ou le policier doit tirer une nouvelle fois. Des ONG, comme Amnesty International, dénoncent régulièrement l’utilisation de cette Arme de force intermédiaire (AFI), à l’origine de « nombreux décès », notamment aux Etats-Unis. En novembre 2007, le Comité contre la torture de l’ONU avait qualifié son utilisation d’une « forme de torture ».

Trois modèles de Taser

En France, la Gendarmerie, la Police et les polices municipales utilisent trois modèles de Taser : X2, X26P, et Taser 7. Soit plus de 35.000 Taser en service, dont la majorité dans les polices municipales. Cette arme, dite « à létalité réduite », est classée dans la Gendarmerie et la Police nationales comme une arme collective, contrairement au pistolet automatique Sig Sauer de 9 mm, une arme individuelle, qui équipe tous les gendarmes et policiers nationaux.

Les rapports 2022 (les derniers disponibles) des Inspections générales de la police (IGPN) et de la Gendarmerie (IGGN) ne font état d’aucun décès dû au Taser. Ainsi le rapport 2022 de l’IGPN relève l’utilisation du PIE à 3.751 reprises, lors de 2.995 interventions. Bilan : douze blessés, dont l’un a subi une opération chirurgicale après avoir reçu un dard sur le pénis. Ce rapport dénombre deux blessés par le Taser. Ces chiffres sont à comparer avec les 22 décès consécutifs à l’utilisation d’un pistolet ou d’un fusil d’assaut enregistrés dans la Police, et aux 12 décès en Gendarmerie. Par ailleurs, le recours au PIE a crû de 11% en 2022 par rapport à 2021.

En 2023, deux auteurs d’attentats mortels (le 13 octobre à Arras et le 2 décembre à Paris) ont pu être neutralisés par les tirs de Taser et remis à la Justice. Le 5 janvier 2024, un homme de 30 ans est décédé après avoir reçu une dizaine de décharges de PIE lors de son interpellation par la police à Montfermeil (Seine-Saint-Denis). Pour le moment, il n’y a pas de lien avéré entre les tirs de Taser et le décès de cet homme. Le 10 juin 2024, un jeune homme de 19 ans a été tué par balles par une policière à Cherbourg (Manche), en tentant d’échapper à un contrôle de police. Un autre policier avait fait usage de son Taser.

Testé par la Gendarmerie à Saint-Astier (Dordogne)

Les règles d’utilisation du Taser sont très strictes : pas de tir sur la tête, dans le cou ou les parties génitales ; pas de tir sur une personne dans un véhicule en mouvement ; pas de tir lorsque la personne se trouve sur un toit ou près d’une fenêtre, pour éviter une chute ; pas d’utilisation en opération de maintien de l’ordre. Chez les gendarmes, une instruction de 2017 fixe les conditions d’emploi de l’arme et les préconisations d’usage, tout en imposant l’obtention d’une habilitation individuelle.

Présenté lors du salon Milipol 2023, le Taser 10 était en démonstration au salon Eurosatory de juin 2024. Il peut être utilisé jusqu’à deux fois plus de distance que le Taser 7. Les instructeurs de chez Axon insistent sur son utilisation – « en priorité absolue » – à titre dissuasif, avec pointage laser, lumière violente et son strident. Dans 85% des cas, la personne menaçante se rend aux policiers, assurent les instructeurs ! Selon Axon, le Taser 10 et a été testé par la Gendarmerie à Saint-Astier. Il a commencé à équiper « plusieurs polices municipales ». Axon attend les premiers retours des utilisateurs.

Pierre-Marie Giraud

(in L’Essor de la Gendarmerie n°592, #août 2024 (disponible en version digitale))

La Lettre Conflits

La newsletter de l’Essor de la Gendarmerie

Voir aussi