Le narcotrafic gangrène tous les territoires, et la Polynésie française n’est pas épargnée. Du 1er au 17 février 2025, les gendarmes de cette collectivité d’outre-mer du Pacifique ont donc mené une opération anti-stupéfiants « de grande ampleur sur l’ensemble de la Polynésie » a indiqué la Gendarmerie.
Baptisée « Mata’i Rorofa’i », l’opération menée par le Commandement de la Gendarmerie pour la Polynésie française (ComGendPF), sous le contrôle conjoint du Haut-commissariat et de la procureure de la République près le tribunal de première instance de Papeete, avait plusieurs objectifs. Outre le démantèlement de réseaux de trafic de stupéfiants, l’opération visait aussi à sécuriser l’espace public et les axes de circulation. En parallèle, une action de prévention a aussi été menée auprès des jeunes afin de « les sensibiliser aux dangers des drogues ».
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Plus de 130 gendarmes mobilisés chaque jour
Selon le Commandement pour la Gendarmerie outre-mer (CGOM), l’opération a mobilisé, pendant « un peu moins de trois semaines », près de 130 gendarmes chaque jour. Parmi les militaires engagés, figuraient notamment des gendarmes des unités territoriales du ComGendPF, renforcés par un escadron de gendarmes mobiles. Ils étaient appuyés par des équipes cynophiles, des experts en cybercriminalité et en nouvelles technologies (N’Tech), des télépilotes de drones, les Forces aériennes de la Gendarmerie ainsi que le GIGN et son antenne de Papeete. Ces derniers ont notamment réalisé des missions d’observation, de surveillance et d’intervention.
L’opération a aussi mobilisé « de nombreux moyens spécialisés d’enquête en matière de criminalité organisée, de lutte contre les trafics, de fraudes, de lutte contre l’économie souterraine et de cybercriminalité » complète le Haut-commissariat. Parmi eux, des analystes criminels, des enquêteurs de la section de recherches (SR) de Papeete, de l’antenne de l’Office anti-stupéfiants (Ofast) et du Groupe interministériel de recherches (GIR).
Une opération sur plusieurs fronts
Les gendarmes ont ainsi pu agir sur plusieurs fronts à la fois. En procédant notamment à des « contrôles des flux routiers », au « harcèlement de points de deal » préalablement identifiés, ou encore à des « cyber investigations ». Une action globale qui aura permis la découverte et la destruction de 7.419 pieds de cannabis, mais aussi la saisie de 31,57 grammes d’Ice (NDLR: une drogue de synthèse de la famille des méthamphétamines, extrêmement addictive, qui se répand dans la zone Pacifique depuis une vingtaine d’années), 80 cachets d’ecstasy ou encore 17,2 kg d’herbe de cannabis. Par ailleurs, 15.719.779 francs pacifiques (131.811 euros) ont été saisis au titre des avoirs criminels.
Au plan judiciaire, 395 personnes ont été mises en cause dans les différents volets de cette opération « pour des infractions à la législation sur les stupéfiants » et 45 placées en garde à vue. L’Institution ajoute à ce bilan la fermeture de trois pages Facebook, « grâce à l’offensive anti-stupéfiants menée sur internet et les réseaux sociaux ».
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La sécurité du quotidien, aussi pour la Polynésie
« Mata’i Rorofa’i » s’inscrit « pleinement dans la déclinaison du plan de la sécurité du quotidien souhaitée par le ministère de l’Intérieur », précise le Haut-commissariat dans son communiqué. Elle se présente également « dans la continuité des actions d’intensification de la lutte contre les trafics de stupéfiants engagées par les forces de sécurité intérieure en 2024 ».
L’an dernier, plus de 23.000 pieds de cannabis ont en effet été arrachés en Polynésie. « Soit le tiers des saisies nationales », précise le Haut-commissariat, et « plus d’un milliard de francs pacifiques (soit près de 8,4 millions d’euros) de saisies d’avoirs criminels ».
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