Tout s’est joué dans les premières heures. Vendredi 18 novembre 2022, les parents d’une jeune fille, inquiets de ne pas la voir rentrer après les cours, alertent les gendarmes. Âgée de 14 ans, Vanesa reste introuvable. La disparition étant qualifiée d'inquiétante, très vite, le dispositif de gendarmerie monte en puissance sur le secteur. Des dizaines de gendarmes sont mobilisés et une équipe cynophile dépêchée sur place. Pendant que des militaires recherchent la jeune fille, d’autres commencent une enquête de proximité et identifient un suspect. La piste des gendarmes va malheureusement les conduire à découvrir quelques heures plus tard l’adolescente, décédée.
L’apport déterminant de la vidéosurveillance
Lors d’une conférence de presse avec le procureur d’Agen, le colonel Emmanuel Houzé, commandant le groupement de gendarmerie départementale du Lot-et-Garonne, a précisé comment les gendarmes ont pu remonter jusqu’au suspect. Il semble, une fois n’est pas coutume, que la vidéosurveillance ait joué un rôle déterminant.
Si elles ne montrent pas directement l’enlèvement de la jeune Vanesa, les images de vidéoprotection de la commune de Tonneins, exploitées par les enquêteurs, leur ont permis d’orienter rapidement leurs recherches. En suivant le parcours de l’adolescente depuis sa sortie du collège, les gendarmes ont en effet remarqué la présence de plusieurs véhicules, “dont un qui était intéressant par la concomitance de ses passages” indique l'officier. À l’aide de la plaque d’immatriculation, les enquêteurs ont pu identifier le propriétaire. Surtout, le croisement de l’identité de cet homme avec ses antécédents judiciaires, a mis les enquêteurs sur la voie.
“Je sais pourquoi vous êtes là”
Le suspect, Romain C., âgé de 31 ans et déjà connu pour des faits d’agression sexuelle alors qu’il était mineur, avait été été condamné à une peine de "15 jours d'emprisonnement pour des faits commis en 2006", a précisé le procureur d’Agen Olivier Naboulet. Il n’avait toutefois pas été inscrit au fichier des délinquants sexuels et ne faisait pas l’objet de mesures de contrôle. Après l'avoir identifié, les gendarmes se sont donc présentés au domicile du trentenaire dans la soirée. Ce dernier les aurait alors accueilli en déclarant qu’il savait “pourquoi (ils étaient) là”.
Placé en garde à vue, il a tout d’abord nié les faits avant de passer aux aveux. Selon ses déclarations, il aurait passé la matinée à fumer du cannabis dans sa voiture, près du collège. Après avoir remarqué la victime à la sortie des cours, il l'aurait fait "entrer de force dans son véhicule avant de rapidement quitter les lieux", précise le procureur. Il aurait ensuite indiqué aux gendarmes l'avoir violé dans un endroit "à l’abri des regards", puis étranglé pour masquer son crime, avant de laisser son corps dans une maison abandonnée, située à une quinzaine de kilomètres du collège, à Birac-sur-Trec. Dans la foulée, des enquêteurs sont envoyés sur place où la dépouille de l’adolescente est effectivement retrouvée vers minuit.
Au cours du weekend, alors que l'identification criminelle était à l’œuvre à l'endroit où a été découvert le corps, mais également dans le véhicule et au domicile du suspect, sa garde à vue a été prolongée de 24 heures pour permettre aux enquêteurs de reconstituer son parcours. À l'issue de ces deux jours de garde à vue qui se sont déroulés à la gendarmerie de Marmande, l’homme a été présenté, dimanche 20 novembre, à un juge d'instruction, au tribunal judiciaire d'Agen. Mis en examen pour enlèvement, séquestration, viol et meurtre de la petite Vanesa, Romain C. a été placé en détention provisoire.
L'enquête, confiée quant à elle à la brigade de recherches de Marmande et à l'antenne d'Agen de la section de recherches de Bordeaux, n'en est qu'"au tout début", souligne le procureur d'Agen.
[DOSSIER] Nordahl Lelandais : les mystères du maître-chien, meurtrier de la petite Maëlys