Le corps sans vie du militaire français disparu dimanche 7 mai 2023, lors d'une opération nocturne de lutte contre l'orpaillage illégal sur le fleuve Oyapock, en Guyane, été retrouvé mercredi 10 mai, peu avant 14 heures (heure de métropole). C'est une patrouille des Forces armées en Guyane (FAG) qui a découvert le corps de ce piroguier militaire, dans le fleuve Oyapock, près de Camopi, dans l'est de la Guyane. D'importantes opérations de recherches étaient menées depuis plusieurs jours par la Gendarmerie et la Forces armées en Guyane.
Le ministre des Armées a confirmé la triste nouvelle lors d'une réunion à l'Assemblée nationale. "J'ai la tristesse et la douleur de vous annoncer que l'on a retrouvé le corps de l'adjudant Guy Barcarel qui malheureusement est décédé", a indiqué Sébastien Lecornu aux députés de la commission de la Défense, qui lui ont rendu hommage en respectant une minute de silence. "Je tiens au nom du gouvernement à avoir une pensée particulière pour sa mémoire, pour sa famille et à adresser (mes) condoléances à l'ensemble des Guyanaises et des Guyanais", a-t-il ajouté, rappelant que le sous-officier était également "chef coutumier amérindien".
L'information avait été dévoilée un peu plus tôt dans l'après-midi par une déclaration de Laurent Yawalou, maire de Camopi, d'où le militaire était originaire. "Le corps a été retrouvé, c'est l'essentiel, on va pouvoir lui donner des funérailles", a indiqué l'édile.
Un gendarme également blessé
Le militaire était porté disparu depuis près de trois jours, suite à un accident qui s'est produit dimanche vers 21h00 locales (0h00 GMT). "Agissant en soutien de la Gendarmerie, le sous-officier, piroguier au sein du 3e Régiment étranger d'infanterie (REI), chef coutumier pour les Amérindiens Teko de Camopi et membre du Grand conseil coutumier, était à la recherche d'une pirogue logistique illégale au moment de l'accident", avait indiqué plus tôt dans la matinée le ministère des Armées dans un communiqué.
Selon les premiers éléments de l'enquête, "l'embarcation a heurté un arbre alors qu'elle opérait de nuit par une météo défavorable. Sous le choc, le piroguier est tombé". Un gendarme mobile a également été blessé.
Le lourd tribut des militaires en Guyane
Ce nouveau décès intervient un peu plus d'un mois après la fusillade qui avait coûté la vie au major Arnaud Blanc, de l'antenne-GIGN de Cayenne. Le 25 mars, ce gendarme d'élite avait été tué alors qu'il participait avec neuf camarades, dont des militaires des FAG, à une opération contre l'orpaillage illégal. Un homme soupçonné d'appartenir à un groupe de braqueurs de mines d'or clandestines impliqué dans la mort de ce gendarme a été arrêté par la suite.
En 2021, selon un rapport parlementaire, la gendarmerie de Guyane chiffrait à environ 8.600, le nombre d'orpailleurs illégaux, pour l'essentiel des "garimpeiros" (prospecteurs) brésiliens, "en situation irrégulière sur le territoire" français. Quelque 500 sites d'orpaillage illégal seraient toujours actifs, selon l'Observatoire de l'activité minière (OAM), dont 150 situés au coeur du Parc national amazonien, créé en 2007 pour protéger la forêt amazonienne et sa biodiversité.
Le rapport parlementaire soulignait aussi le coût élevé du phénomène pour l'économie guyanaise: "Selon la Fédération des opérateurs miniers de Guyane, l'orpaillage illégal détournerait du PIB guyanais environ 750 millions d'euros" chaque année, perte occasionnée par l'extraction illégale de "10 à 12 tonnes d'or" par an.
(Avec l'AFP)
Un gendarme de l’AGIGN de Cayenne tué dans une opération anti orpaillage en Guyane