L’enquête exemplaire des gendarmes de la section de recherches de Paris sur des viols commis dans le milieu de l’industrie pornographique devrait se traduire par un procès. Le parquet de Paris vient en effet de demander le renvoi de 17 hommes, soupçonnés de multiples viols dans le tournage de vidéos pornographiques pour la plateforme “French Bukkake”.
Les magistrats du ministère public ont appelé à un procès devant la cour criminelle départementale de Paris pour viols, viols en réunion, traite d'êtres humains en bande organisée ou encore pour proxénétisme aggravé. Une 18e personne est mise en cause pour blanchiment de travail dissimulé, une infraction qui pourrait déboucher sur une audience en correctionnelle, dans cette affaire qui secoue le milieu porno français – une industrie également dans le viseur de la justice avec une deuxième enquête visant le site “Jacquie et Michel”, l’incarnation dans l’Hexagone du porno amateur.
Selon nos informations, le parquet de Paris a rendu, ce lundi 17 juillet, son réquisitoire définitif dans le dossier «french-bukkake»
Le ministère public requiert la mise en accusation de 17 personnes (que des hommes) devant la cour criminelle de Parishttps://t.co/LcapTm5bV8
— Le Parisien | faits divers (@leparisien_fdiv) July 17, 2023
Qui sont les 13 nouveaux patrons de sections de recherches?
Veille sur internet
Comme l’avait dévoilé à l’époque Le Parisien, les investigations avaient débuté lors du premier confinement, en mars 2020. Des enquêteurs cyber de la section de recherches de Paris avaient été étonnés par l’offre du site “French Bukkake”, un nom faisant référence à une pratique sexuelle extrême de groupe.
Contre un abonnement de 30 euros par mois, les internautes pouvaient avoir accès à des contenus pornographiques mais aussi participer gratuitement aux tournages. Les enquêteurs se demandent alors si cette offre ne relève pas du proxénétisme. De même, ils s’interrogent sur le consentement des actrices.
Une bonne piste: les gendarmes découvrent tout d’abord que plusieurs plaintes pour viol ou diffusion de vidéos ont visé le producteur du site, “Pascal OP”. Auditionnées, d’autres femmes expliquent avoir été trompées, menacées ou droguées. Une information judiciaire sera ouverte en octobre 2020.
Il se faisait passer pour une escort girl
L’un des hommes du site, Julien D., soupçonné d’avoir violé une trentaine de femmes, est ainsi accusé, racontait Le Monde, de s’être fait passer pour une escort girl sur les réseaux sociaux, une tromperie destinée à convaincre d’autres femmes de régler leurs soucis financiers en tournant des vidéos pornographiques. Des tournages censés êtres limités à une diffusion privée auprès de clients au Canada.
Une quarantaine de victimes se sont constituées parties civiles. Selon des documents judiciaires, ces femmes étaient amenées à subir, sans leur consentement, ou sans leur consentement complet, des tournages pornographiques particulièrement dégradants. Elles étaient ainsi amenés à subir “soit sous la pression, sous l'influence de drogues, d'alcool, et parfois une soumission chimique, des actes sexuels répétés et non définis à l'avance (…) parfois par plusieurs dizaines d'individus en simultané", rappelait l’AFP.
Les femmes ont ainsi expliqué aux juges découvrir sur place le nombre de partenaires et les actes sexuels à réaliser, qui s’enchaînaient par surprise. “Nous avons été torturées”, a expliqué à l’AFP l’une des plaignantes. “J'ai besoin aujourd'hui pour revivre, que la barbarie, la haine sexiste et raciste dont j'ai été victime, soit reconnue et punie".
La défense d’une partie des accusés a elle dénoncé un réquisitoire “sans surprise” et de “parti pris”.