Une opération de la SR de Lyon et du groupement de l’Ain vient de démanteler une bande spécialisée dans les vols de véhicules de luxe et de cambriolages d’armurerie en Suisse. Des vols, commis principalement dans les cantons alémaniques et commandités en partie depuis des prisons françaises.
Course-poursuite en Suisse
Depuis deux ans, les polices des cantons alémaniques suisses constataient des vols fréquents de deux-roues et de berlines de luxe. Le 14 juillet 2025, la police de Neuchâtel arrête trois mineurs français de 17 et 15 ans. Ils viennent de voler deux Audi dans un garage de Travers, dans le canton de Neuchâtel. Les policiers helvétiques les appréhendent après une course-poursuite. Plus tôt dans la soirée, une tentative similaire avait eu lieu à Dombresson. Les autorités suisses transmettent alors leurs renseignements à leurs homologues français.
Des vols tous azimuts
Des donneurs d’ordres agissaient depuis des prisons, d’autres depuis l’étranger, ont expliqué le Ministère public suisse et la police neuchâteloise. Initialement actif dans le vol de deux-roues en Suisse, le réseau s’oriente ensuite vers le vol de véhicules de luxe. Des berlines, valant près de 100.000 euros. Puis vers le cambriolage d’armureries.
Au moins de 56 cas de vol ont été constatés dans plusieurs cantons. Entre le 28 juillet et le 19 octobre 2025, les mêmes commanditaires ont organisé des cambriolages d’armureries. Douze cas sont imputés au réseau dans les cantons d’Argovie, de Bâle-Campagne, de Schwyz, de Vaud, du Valais et de Zurich.
Une fois volées, les voitures de luxe, pilotées souvent par des mineurs, traversaient la Suisse à grande vitesse pour gagner la France. Au micro de la RTS, le porte-parole de la police neuchâteloise Georges-André Lozouet décrit des mineurs, sans permis et sans aucune notion de conduite. Il les qualifie de « délinquants inexpérimentés et écervelés, qui prennent des risques insensés pour essayer d’extraire ces véhicules de notre pays. » La coordination entre les polices suisses, Fedpol (ndlr : office fédéral de la police suisse) et les partenaires français « a été déterminante », soulignent le Ministère public et la police neuchâteloise.
Commanditaires, logisticiens et voleurs
En France, le tribunal judiciaire de Bourg-en-Bresse avait ouvert une enquête préliminaire. Elle identifie rapidement deux donneurs d’ordre commanditant des vols de véhicules de grand luxe. Ils recrutent des équipes de voleurs sur les réseaux sociaux. Les deux pays mettent alors en place une équipe commune d’enquête afin de faciliter la coopération transfrontalière. Les investigations se poursuivent dans le cadre d’une information judiciaire ouverte auprès du même tribunal.
L’enquête révèle l’existence d’un réseau structuré, hiérarchisé et dense. Il y a en effet des donneurs d’ordres, dont certains agissent depuis des lieux de détention et d’autres depuis l’étranger. Il y a aussi des logisticiens et des équipes de voleurs, souvent mineurs, recrutées via les réseaux sociaux. À ce stade, l’enquête impute directement à ce réseau 12 vols en bande organisée au préjudice d’armureries et 37 vols en bande organisée de véhicules de luxe.
Huit personnes interpellées
Le 9 décembre 2025, les gendarmes déclenchent une opération judiciaire d’envergure dans l’Ain, la Drôme, le Gard et l’Hérault, afin d’interpeller la majeure partie des membres du réseau. Elle mobilise les moyens des groupements concernés, en appui de la SR de Lyon.
L’action coordonnée permet l’interpellation de cinq hommes, dont deux donneurs d’ordre. Préalablement, les enquêteurs avaient interpellé trois autres homme, un donneur d’ordre et deux logisticiens, tous mis en examen et écroués. À ce stade, sur les huit personnes interpellées, sept sont mises en examen. Cinq se voient placées en détention provisoire, deux sous contrôle judiciaire et une sous le statut de témoin assisté. Le dernier mis en cause devait être présenté devant le magistrat mandant et le juge des libertés et de la détention. L’enquête se poursuit sous la direction d’un juge d’instruction de Bourg-en-Bresse et en liaison avec Europol.
PMG
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