Un réseau d'approvisionnement en cannabis quasi "industriel" entre l'Espagne et le sud de la France a été démantelé, début juin 2023 par les gendarmes. Neuf personnes ont été écrouées, dont certaines "connues dans le narcobanditisme", indiquent le Parquet de Marseille et la Gendarmerie.
Après l'ouverture d'une information judiciaire en juin 2022, "nous sommes tombés sur un approvisionnement presque industriel qui alimentait tout le sud de la France avec un poids lourd qui faisait des rotations depuis l'Espagne en transportant plusieurs centaines de kilos de drogue deux à cinq nuits par semaine", a raconté à l'AFP le colonel Christophe Berthelin, commandant de la section de recherches (SR) de Marseille.
Le camion livrait des "plates-formes" dans le Vaucluse, les Bouches-du-Rhône ou les Pyrénées-Orientales d'où la drogue était ensuite acheminée vers des cités –notamment des Bouches-du-Rhône, du Vaucluse et du Var– via des go fast, a expliqué la procureure de la République de Marseille, Dominique Laurens, dans un communiqué. "Des liens" ont également été démontrés "avec des ressortissants français installés en Espagne, d'où provenait la résine" du cannabis qui était lui-même produit au Maroc, a-t-elle ajouté.
Plus de 200 gendarmes mobilisés
Vendredi 2 juin, une opération mobilisant près de 200 gendarmes dans quatre groupements, plusieurs équipes cynophiles, ainsi que des équipes d'intervention du GIGN central de Satory et de l'antenne-GIGN d'Orange a permis l'interception d'un semi-remorque transportant 1,4 tonne de résine de cannabis sur l'autoroute près d'Avignon, au niveau de Remoulins (Gard), ainsi que l'arrestation d'une quinzaine de personnes dans les Bouches-du-Rhône, le Var, le Vaucluse et les Pyrénées-Orientales. Le GIGN a réalise depuis le début de l'année une dizaine d'interceptions de go fast.
Lors des perquisitions aux domiciles et sociétés des personnes interpellées, 580 kilos supplémentaires de cannabis, ont été découverts, ainsi qu'1,5 kg de cocaïne, des armes de poing et d'épaule, des véhicules, des objets de luxe comme des montres et des sacs de grandes marques, ainsi que 128.000 euros en espèce, en plus des sommes saisies sur des comptes bancaires.
L'enquête sur les patrimoines des suspects continue, a précisé le patron de la SR de Marseille. Mais d'ores-et-déjà, la saisie globale s'impose comme "l'une des plus grosses des trente dernières années", commente un autre officier de gendarmerie.
Mardi 6 juin, une personne résidant en Espagne a également été interpellée par la police de Malaga (sud de l'Espagne), dans le cadre d'un mandat d'arrêt européen.
A l'issue des gardes à vue, 11 personnes, "dont certaines connues dans le milieu du narcobanditisme", ont été mises en examen et neuf placées en détention provisoire.
Un coup d'arrêt au trafic
Le parquet parle d'"un coup d'arrêt" de ce trafic international "alimentant de nombreux départements du grand sud de la France". Et "on peut imaginer que compte tenu des quantités colossales, cette opération va sans doute permettre de ralentir l'approvisionnement" des points de deal qui minent certains quartiers de Marseille, mais aussi de plus petites villes comme Avignon, Carpentras ou Cavaillon, a ajouté le colonel Christophe Berthelin.
En février 2022, l'affaire "No Name" avait permis aux enquêteurs de la SR de Marseille de démanteler une organisation criminelle spécialisée dans le trafic de cocaïne. Ils avaient à cette occasion réussi la saisie de 112 kg de cocaïne, 330 kg de résine de cannabis et d'environ 4 millions d'euros en espèces.
Marseille dispose d'une Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) qui a compétence sur tout l'arc méditerranéen pour la grande criminalité, dont le trafic de drogues. Historiquement, Marseille, ville portuaire, est une zone de trafics notamment de drogues. Mais ces dernières années, des villes de taille moyenne ont connu une hausse du trafic de stupéfiants. C'est notamment le cas dans le Vaucluse, où un policier a été tué en pleine journée sur un point de deal en 2021.
(avec l'AFP)