Mi-octobre 2024, le 90e exemplaire du nouveau Véhicule d’intervention polyvalent de la Gendarmerie (VIPG), baptisé Centaure, a quitté l’usine alsacienne de l’industriel Soframe. Ce dernier est depuis en route pour rejoindre la Guyane. Ainsi, cette ultime livraison conclut avec quelques mois d’avance la commande lancée en 2021, ayant pour objectif le remplacement progressif des Véhicules blindés à roues (VBRG), entrés en service dans les années 1970.
Le nouveau véhicule blindé permet des engagements sur une pluralité d’interventions. De fait, le Centaure n’a pas uniquement pour vocation le rétablissement de l’ordre. Il peut aussi être employé sur des missions du quotidien, comme des patrouilles en zone dangereuse ou en appui d’une intervention pour un forcené retranché. Il a également servi à des missions de soutien à la population, comme le dégagement d’axes routiers après de fortes intempéries. L’hiver dernier, des gendarmes du Groupement blindé de gendarmerie mobile (GBGM) de Satory ont même porté secours à des naufragés de la route dont le véhicule avait glissé sur une plaque de verglas.
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Un colosse aux pieds d’argile ?
Au fil des livraisons et de la formation des équipages, les engagements du Centaure depuis juin 2023 et les émeutes urbaines permettent de tirer de premiers enseignements. L’un des points forts du nouveau blindé reste sans aucun doute la technologie qu’il embarque, comme la possibilité de repérer l’origine d’un tir. Technologie qui a, hélas, prouvé son utilité pour les militaires au cours de leurs récents engagements en Nouvelle-Calédonie et aux Antilles, mais qui a aussi souffert de la chaleur et de l’humidité. D’autres missions ont mis en avant quelques limites du Centaure, comme en février 2024, lorsque l’un des blindés déployés dans le Tarn face à la violence d’opposants au projet d’autoroute A69 s’était embourbé dans la gadoue.
L’autre point noir est sans doute celui de la transportabilité du blindé. Car, si sur le terrain sa taille est un atout, le poids et la hauteur du véhicule avec ses équipements embarqués nuit par exemple à son aérotransport par des appareils militaires français. Lors du déploiement en urgence de Centaure en Nouvelle-Calédonie, la Gendarmerie et l’armée de l’Air avaient ainsi dû affréter un Antonov – parmi les plus imposants avions cargos au monde – pour acheminer en urgence des premiers Centaures avant que les autres n’arrivent par voie maritime. La stratégie de prépositionnement de Centaures en différents points clés du territoire devrait néanmoins mettre de côté ce problème.
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Des avenants pour améliorer le Centaure et sa maintenance
Sur la base du champ missionnel élargi et des premiers retours d’expériences, la Gendarmerie et le ministère de l’Intérieur ont déjà émis plusieurs avenants au contrat initial. Ils concernent les trois principaux volets du projet Centaure: celui du maintien en condition opérationnelle des véhicules, de la formation, mais aussi des aspects techniques, avec des améliorations matérielles comme de nouveaux pneumatiques increvables, le développement de systèmes d’arme téléopérés, une compatibilité avec le réseau radio militaire PR4G, ou encore la prédisposition d’un système d’autodéfense de l’engin blindé et l’amélioration du mât optronique.
LP