Bassines: des milliers d’opposants réunis avant des manifestations redoutées

Photo : Des contrôles réalisés par les gendarmes dans la Vienne, en amont des manifestations anti-bassines interdites, mais prévues dans la région les 19 et 20 juillet 2024. (Photo: Préfecture de la Vienne)

19 juillet 2024 | Opérationnel

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Bassines: des milliers d’opposants réunis avant des manifestations redoutées

par | Opérationnel

Plus de 5.000 opposants aux "méga-bassines" étaient déjà réunis jeudi 18 juillet 2024 au Village de l'eau dans les Deux-Sèvres, épicentre de la lutte contre ces réserves d'irrigation contestées, dont "10% de black blocs" selon les autorités qui craignent des violences lors de manifestations interdites. Quinze mois après les affrontements entre manifestants radicaux et forces […]

Plus de 5.000 opposants aux "méga-bassines" étaient déjà réunis jeudi 18 juillet 2024 au Village de l'eau dans les Deux-Sèvres, épicentre de la lutte contre ces réserves d'irrigation contestées, dont "10% de black blocs" selon les autorités qui craignent des violences lors de manifestations interdites.

Quinze mois après les affrontements entre manifestants radicaux et forces de l'ordre lors d'un précédent rassemblement à Sainte-Soline dans le département des Deux-Sèvres, plus de 3.000 gendarmes sont mobilisés autour de la commune de Melle, qui héberge le campement militant international depuis mardi 16 et jusqu'à dimanche 21 juillet 2024.

Jeudi, à la mi-journée, sous un soleil de plomb, des milliers de personnes, certaines masquées ou cagoulées, vaquaient à leurs occupations sous les divers chapiteaux du campement accueillant ateliers, conférences et formations sur la question de l'eau.

Activistes violents et fichés-S sur place

Des contrôles effectués depuis le début de la semaine ont recensé 450 personnes, présentes sur le camp, "connues des services pour activisme violent ou ayant des antécédents judiciaires lors de manifestations", dont 123 individus "fichés S", a détaillé devant la presse le général de corps d'armée Samuel Dubuis, qui commande la région de gendarmerie de Nouvelle-Aquitaine.

Les forces de sécurité ont aussi saisi 1.600 "matériels" dont la moitié considérés comme des "armes par destination" (haches, couteaux, barres à mine, outillages, etc.), a-t-il ajouté, mentionnant aussi des matériels de "protection" (casques, masques, lunettes), y compris pour enfants.

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Des manifestations ni déclarées, ni autorisées

Les autorités appellent les manifestants "de bonne foi" à "rester au Village de l'eau". "Je le redis avec gravité, il est responsable de ne pas participer à ces manifestations interdites", a déclaré la préfète des Deux-Sèvres, Emmanuelle Dubée, lors du point-presse.

Deux manifestations sont annoncées, sans avoir été déclarées ni autorisées par la préfecture, vendredi19 juillet à Saint-Sauvant (Vienne) sur le site d'une future "bassine" et le lendemain devant le terminal agro-industriel du port de La Rochelle (Charente-Maritime), à l'appel du collectif Bassines Non Merci, et des mouvements Soulèvements de la Terre et Extinction Rébellion.

"Dans un contexte de restriction des libertés politiques, nous revendiquons notre droit de nous opposer aux projets d'accaparement de l'eau", ont réaffirmé ces organisations dans un communiqué jeudi matin.

Les "bassines" ou réserves "de substitution", qui visent à stocker de l'eau puisée dans les nappes en hiver afin d'irriguer les cultures en été, sont vues par leurs partisans comme une condition de survie des exploitations face au changement climatique. À l'inverse, leurs détracteurs décrivent un "accaparement de l'eau" par l'agro-industrie.

Sabotages et dégradations

Le "cadre d'action" présenté par les militants anti-bassines pour les deux journées de manifestation annonce des "formes de désobéissance de masse" destinées à "impacter concrètement leurs cibles", avec différents "niveaux d'engagement" dans les cortèges.

Ces "occupations, blocages ou désarmements" d'installations doivent viser vendredi des "bassines (ou leurs réseaux) qui viennent d'être construites, en chantier ou en projet", puis des "dispositifs majeurs du complexe agro-industriel" samedi.

Selon la Gendarmerie, des "actions de sabotage" ont déjà été commises, occasionnant des "dégradations mineures" à des systèmes d'irrigation ou des cabanes de chantier.

Le dispositif de sécurité mis en place par les autorités concerne quatre départements potentiellement concernés par ces actions (Deux-Sèvres, Vienne, Charente-Maritime et Vendée). Plusieurs périmètres d'interdiction de manifester ou de s'attrouper ont été définis.

En mars 2023, de violents heurts avaient opposé manifestants radicaux et gendarmes lors d'une précédente manifestation autour de la "bassine" de Sainte-Soline, proche de Melle, faisant des blessés de part et d'autre, dont deux manifestants restés un temps dans le coma.

Selon les pompiers, deux postes de secours ont été prévus à proximité de l'endroit – qui pourraient être une cible pour certains manifestants.

Défense des fermes et appel au calme

Un syndicat agricole, la Coordination rurale, majoritaire dans la Vienne, a de son côté appelé à venir "défendre les fermes" du territoire contre les "groupuscules écologistes". Il indique attendre des centaines d'agriculteurs, venus aussi de Dordogne et du Lot-et-Garonne, dans une commune située à une vingtaine de kilomètres de Melle.

Les organisateurs, eux, assurent ne pas vouloir "prendre pour cible les agriculteurs et leurs fermes", accusant les autorités "d'attiser les peurs et les tensions" et qualifiant les dirigeants de la Coordination rurale "d'apprentis miliciens".

La préfète a appelé riverains et exploitants agricoles "à rester calme" et "en cas d'inquiétude pour leurs biens, à ne pas chercher à intervenir par eux-mêmes", soulignant que toute personne pénétrant dans un périmètre interdit "encourait des sanctions pénales".

L'Association des irrigants dans la Vienne a annoncé de son côté avoir porté plainte contre la commune de Melle qui accueille le Village de l'eau, lui reprochant d'aider des "commandos radicalisés" en leur fournissant un "camp de base".

(Avec Thomas Saint-Cricq et Jean Decotte de l'AFP)

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