"Plus c'est loin, plus c'est cher" : un expert de la logistique résume pour L'Essor la question du coût de l'utilisation d'avion-cargo très gros porteur Antonov 124 pour acheminer rapidement du matériel lourd. En l'espèce, il s'agissait de déployer rapidement en Nouvelle-Calédonie, où la situation sécuritaire est loin d'être revenue à la normale, six blindés de nouvelle génération Centaure pour relever progressivement les cacochymes blindés VBRG et autres véhicules de l'avant blindés (VAB) de la Gendarmerie.
"Tout compris, l'heure de vol d'un Antonov 124 est facturée à 50.000 dollars", poursuit ce spécialiste. A partir de là, il suffit de prendre sa calculette. Sachant qu'il y a au moins 20 heures de vol (avec une escale) pour franchir les quelque 17.000 km entre la métropole et Nouméa, le trajet à l'aller de cet avion-cargo, transportant deux Centaure, revient donc à au moins un million de dollars. Un chiffre à multiplier par trois car trois Antonov 124 ont été nécessaires pour acheminer les six Centaure. Soit un total de trois millions de dollars ou l'équivalent de 2,8 millions d'euros pour les six Centaure. le prix unitaire de ces blindés est de 800.000 euros, formation et maintenance comprises) .
"Il faudrait également considérer le coût des heures de vol pour le retour de ces Antonov en Europe si ces appareils n'ont pas pu embarquer du fret depuis Nouméa ou un aéroport du Pacifique"Il faudrait également considérer le coût des heures de vol pour le retour de ces Antonov en Europe si ces appareils n'ont pas pu embarquer du fret depuis Nouméa ou un aéroport du Pacifique", relève ce cadre.
Après l'agression russe de février 2022 contre l'Ukraine et la destruction d'une partie de ses appareils sur l'aéroport de Kiev, la société ukrainienne Antonov Airlines, spécialisée dans le transport de fret par avion-cargo, s'est redéployée sur celui de Leipzig-Halle en Allemagne. Depuis cette plateforme, elle propose une demi douzaine d'Antonov 124 pour le transport de matériels civils ou militaires lourds et/ou encombrants (hélicoptères, véhicules blindés, locomotives, grues, satellites, fusées, bateaux, véhicules du Paris-Dakar…). Les armées françaises font régulièrement appel à ces avions cargo, qui peuvent emporter 80 tonnes de fret sur 8.400 km.
Pierre-Marie GIRAUD