Affaire Grégory : Murielle Bolle mise en examen et placée en détention provisoire

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14 juillet 2021 | Opérationnel

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Affaire Grégory : Murielle Bolle mise en examen et placée en détention provisoire

par | Opérationnel

Témoin clé de l’affaire Grégory en 1984, Murielle Bolle, 48 ans, a été mise en examen pour enlèvement suivi de mort et placée en détention provisoire jeudi, deux semaines après la mise en cause d’un grand-oncle et d’une grand-tante de l’enfant.

On a des témoignages laissant penser qu’elle a pu faire l’objet de pressions et de violence pour se rétracter“, a déclaré le procureur général de Dijon, Jean-Jacques Bosc à propos du revirement dans son témoignage accablant son beau-frère, Bernard Laroche, en 1984.

Les gendarmes avaient repris mercredi dans les Vosges sa garde à vue entamée il y a 32 ans, à l’issue de laquelle elle a été déférée à Dijon pour être présentée à la juge instruisant ce dossier des plus énigmatiques.

Son audition a été retardée jeudi par un malaise qui a nécessité une brève hospitalisation avant son retour à la cour d’appel pour être entendue par la présidente de la chambre de l’instruction, Claire Barbier. Une audience sur son maintien ou non en détention aura lieu, mardi, devant la chambre de l’instruction, comme pour les époux Jacob qui avaient été remis en liberté, sous contrôle judiciaire, le 20 juin.

L’avocat de Murielle Bolle, Me Jean-Paul Teissonnière, prévoit déjà de plaider longtemps. “Il faut qu’on ait le temps de démonter le canevas de ragots et de mensonges qui constituent l’essentiel de l’accusation“, a-t-il déclaré jeudi soir.

 Revirement

L’accusation considère le crime qui a coûté la vie à l’enfant de quatre ans, retrouvé dans les eaux de la Vologne le 16 octobre 1984, comme un “acte collectif“. Murielle Bolle, alors âgée de 15 ans, aurait participé à son enlèvement. Marcel et Jacqueline Jacob, 72 ans tous les deux, ont quant à eux été mis en examen le 16 juin, soupçonnés d’avoir séquestré puis tué le petit garçon.

Il y a trois décennies, l’adolescente Murielle Bolle avait déjà été interrogée par les gendarmes.

Elle avait raconté que son beau-frère Bernard Laroche l’avait prise en voiture à la sortie du collège, était allé chercher Grégory chez ses parents et l’avait déposé chez un ami de la famille, pensait-elle. Laroche avait été inculpé dans la foulée. Mais une rétractation éclair de l’adolescente, après une nuit en famille, avait conduit à la libération de Bernard Laroche, tué d’un coup de fusil en 1985 par son cousin Jean-Marie Villemin, le père de Grégory.

A l’époque, la jeune fille avait justifié ses aveux par les menaces qu’auraient exercées sur elle les gendarmes et selon son avocat, elle maintient cette version.

L’instruction s’attache particulièrement à expliquer les motivations et les circonstances de ce revirement“, a déclaré le magistrat. “Un témoignage très précis” d’un parent de Murielle Bolle tendrait à “faire apparaître qu’elle a subi des pressions, voire des actes de violence de la part de son entourage” dans la foulée de l’inculpation de Bernard Laroche, précise-t-il.

“Aucun élément de réalité”

Corroboré par “d’autres renseignements” émanant de “personnes du voisinage“, cette nouvelle déposition aurait été motivée par “la médiatisation de l’affaire“, déclare encore le procureur. Un témoignage “entièrement forgé et qui ne repose sur aucun élément de réalité“, rétorque Me Teissonnière, pour qui l’arrestation des époux Jacob et sa médiatisation sont à l’origine des confidences de “quelqu’un qui règle ses comptes“. Pour lui, on a affaire au “réveil de témoins qui n’ont rien dit pendant 32 ans” et qui, quand des informations circulent sur les Jacob, “se mettent à découvrir des choses“.  “On est dans l’irrationalité la plus totale mais ça marche, c’est ça le problème.”

En attendant, “les investigations se poursuivent“, indique le parquet, précisant qu’il “y a et il continuera à y avoir des auditions nombreuses dans cette affaire“. Dans le passé, les enquêteurs s’étaient déjà penchés sur le rôle de Murielle Bolle, mise en cause notamment par une plainte des parents de Grégory.

L’information judiciaire s’était soldée par un non-lieu en 1988. Ils avaient notamment exploré une piste selon laquelle l’adolescente aurait pu prendre une part active à l’enlèvement de Grégory en lui injectant une dose d’insuline – prise à sa mère, diabétique – pour le plonger dans le coma. Un flacon et une seringue avaient été retrouvés au bord de la Vologne. Mais l’éventualité d’une “intention criminelle” de l’adolescente avait été écartée une nouvelle fois par la cour d’appel de Dijon en 1993, dans l’arrêt innocentant Christine Villemin, la mère de l’enfant.

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