Autorités et services de renseignement s’attendent à une mobilisation très importante, jeudi, pour la journée d’action intersyndicale contre les mesures budgétaires, qualifiées de « brutales », annoncées cet été. Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu ne les a pas pour l’heure écartées. Une mobilisation sans doute du niveau de celles contre la réforme des retraites en 2023, selon une source sécuritaire.
À la différence du mouvement « Bloquons tout » du 10 septembre, une large partie des manifestations prévues ce 18 septembre a fait l’objet d’une déclaration auprès des préfectures. Néanmoins, les autorités s’attendent à des actions violentes en marge des mobilisations. Deux cas de figure sont notamment craints : premièrement, l’infiltration des manifestations déclarées par des individus hostiles et violents, tels les black blocs ou des casseurs; deuxièmement des opérations de blocages, voire de sabotages.
À 48 heures de la mobilisation, mardi 16 septembre, plus de 250 cortèges avaient été déclarés. D’autres pourraient l’être d’ici à jeudi. En 2023, les manifestations contre la réforme des retraites avaient rassemblé selon les jours entre 280.000 et plus d’un million de personnes.
Des actions coups de poing en marge de la mobilisation
Le 10 septembre, lors du mouvement « Bloquons tout », le ministère de l’Intérieur avait dénombré 200.000 manifestants sur tout le territoire. Les prévisions de Beauvau tablent cette fois sur 600.000 à 900.000 manifestants dans toute la France.
Les autorités s’accordent donc sur le fait que cette journée d’action nationale devrait être importante. Nettement plus qu’une journée syndicale de rentrée, qui oscille généralement entre 150.000 et 200.000 participants. Les services de renseignement relèvent en effet deux ingrédients clés avant cette mobilisation. L’unité des syndicats et un climat de colère dans le pays. Mais, ils préviennent qu’il est difficile d’appréhender avec précision l’ampleur du mouvement. Notamment en raison d’inconnues, comme la participation des retraités et celle des jeunes.
Comme le 10 septembre, les autorités s’attendent aussi à des actions coups de poing un peu partout tôt le matin. Mais aussi à la présence de radicaux qui tenteront de former des blocs devant les cortèges dans les grandes villes.
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Un dispositif de 80.000 gendarmes et policiers reconduit
Dans un télégramme daté de mardi, adressé aux préfets et aux responsables des forces de sécurité, Bruno Retailleau souligne que « les risques de troubles à l’ordre public sont importants en raison de la présence de groupuscules d’ultragauche qui essaieront d’infiltrer les cortèges officiels ». Le ministre de l’Intérieur démissionnaire leur demande de mobiliser tous les moyens nécessaires pour « détecter, intercepter et fouiller les individus pouvant être suspectés de comportements violents et de les tenir à l’écart des manifestants ».
Le dispositif de sécurité sera de même ampleur que celui du 10 septembre, soit environ 80.000 gendarmes et policiers. Environ la moitié d’entre eux seront des militaires de l’Arme. Comme une semaine plus tôt, 35.000 gendarmes départementaux seront sur le terrain. Ils seront renforcés par 1.700 réservistes opérationnels et 33 escadrons de gendarmerie mobile. Des moyens spéciaux doivent à nouveau entrer en action. Notamment 26 véhicules blindés d’intervention polyvalent « Centaure » de la Gendarmerie (dont huit à Paris). Mais aussi une dizaine d’engins lanceurs d’eau de la Police (dont deux à Paris). Les points d’attention pour les forces de sécurité restent, comme lors du mouvement « Bloquons Tout », les villes de Rennes, Nantes, Toulouse, Dijon, Lyon, Montpellier ou Bordeaux.
Le ministre répète en outre qu’« aucune dégradation de bâtiments publics ou emblématiques ne saurait être tolérée ». Par ailleurs, « toute tentative de blocage des infrastructures essentielles à la vie de la Nation devra être entravée en amont et faire systématiquement l’objet d’un déblocage dans les délais les plus brefs ».
Enfin, Bruno Retailleau alerte sur les risques de sabotages et de blocages dès la nuit de mercredi à jeudi.
Les craintes du préfet de police de Paris
Le préfet de police de Pari, Laurent Nuñez s’est d’ailleurs dit mercredi auprès de l’AFP « très inquiet » de la présence de nombreux casseurs dans le cortège syndical à Paris, jeudi lors de la journée de grève. Expliquant avoir des renseignements sur la volonté de plusieurs centaines voire milliers de radicaux de s’infiltrer dans le cortège syndical pour « en découdre et casser », le préfet appelle les commerçants « à fermer leurs boutiques » et les invite à mettre en place « des protections de leurs devantures ».
Rien qu’à Paris, les autorités attendent entre 50.000 et 100.000 manifestants. 6.000 policiers et gendarmes sont mobilisés pour assurer la sécurité dans la capitale. Outre les cortèges, des actions de blocages d’axes de circulation (périphérique notamment) sont également possibles. Plusieurs autres manifestations sont aussi annoncées tout au long de la journée.
(Rédaction de L’Essor, avec l’AFP)
Lire aussi : 40.000 gendarmes mobilisés à l’occasion du mouvement « Bloquons tout »
(Article actualisé le 18/09/2025 à 10h00 avec le détail des moyens déployés par la Gendarmerie.)










