15.000 gendarmes et policiers mobilisés pour faire face au « siège » de Paris par les agriculteurs

Photo : Des gendarmes mobiles, renforcés par des véhicules blindés à roues de la Gendarmerie (VBRG), sécurisent l'accès au marché international de Rungis, en banlieue parisienne, ciblé par les agriculteurs en colère lundi 29 janvier 2024. (Capture d'écran: Missel_du/Twitter)

29 janvier 2024 | Opérationnel

Temps de lecture : 4 minutes

15.000 gendarmes et policiers mobilisés pour faire face au « siège » de Paris par les agriculteurs

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Le gouvernement a annoncé que 15.000 membres des forces de l'ordre seraient mobilisés lundi 29 janvier 2024 pour empêcher notamment que les tracteurs n'entrent dans "Paris et les grandes villes", alors qu'un "siège" de la capitale est prévu dès 14h par des agriculteurs en colère. À l'issue d'une réunion interministérielle de crise, le ministre de […]

Le gouvernement a annoncé que 15.000 membres des forces de l'ordre seraient mobilisés lundi 29 janvier 2024 pour empêcher notamment que les tracteurs n'entrent dans "Paris et les grandes villes", alors qu'un "siège" de la capitale est prévu dès 14h par des agriculteurs en colère.

À l'issue d'une réunion interministérielle de crise, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a également fait part d'une "grande modération" demandée aux forces de l'ordre qui ne devront pas "intervenir sur les points de blocage" mais les "sécuriser".

Il a expliqué que le président Emmanuel Macron avait donné "pour consigne" de "garantir que les tracteurs ne se rendent pas à Paris et dans les grandes villes pour ne pas créer des difficultés extrêmement fortes", et également de faire en sorte que le marché international de Rungis "puisse fonctionner ainsi que les aéroports parisiens d'Orly et de Roissy".

Le ministre évoque également des consignes d'intervention et d'interpellation en cas d'atteintes à des préfectures, des sous-préfectures, des centres du Trésor public, des supermarchés ou encore à des camions de transport de marchandises qui seraient "pris en otage" par les agriculteurs.

Accalmie des blocages en régions, tensions autour de Paris

De retour sur le terrain dimanche matin, le Premier ministre Gabriel Attal a juré "d'avancer vite" pour répondre à la colère des agriculteurs. Mais le président de la FNSEA, premier syndicat agricole français a lui exhorté le gouvernement à "aller beaucoup plus loin". "On n'a pas bien vécu ce qui s'est passé la semaine dernière: la com', les caméras, le ballot de paille et tout ça, ce n'est pas notre truc. Ce qu'il nous faut nous, c'est des décisions dont on sent qu'elles changent le logiciel", a lancé Arnaud Rousseau face à des paysans bloquant l'autoroute A16 à la hauteur de Beauvais (Oise).

Malgré une accalmie, de nombreuses liaisons routières sont restées coupées dimanche, de la Normandie au Gard en passant par les Pyrénées-Atlantiques et la Meuse. La situation menace de se tendre encore avec un projet de blocage d'accès à Paris lundi à partir de 14h00.

Huit "points de blocage" sont prévus: sur l'aire de Chennevières (autoroute A1), à hauteur de Jossigny (A4), à Ourdy (A5), Villabé (A6), au péage de Buchelay (A13), à Longivilliers (A10), entre le pont de Gennevilliers et la D311 (A15) et à hauteur de l'échangeur D301 de l'Isle-Adam (A16), a indiqué dimanche soir à l'AFP la FRSEA d'Ile-de-France.

Les blindés de la Gendarmerie mobilisés

Dès le début de soirée, dimanche 28 janvier, des forces de l'ordre –dont des blindés de la Gendarmerie– ont été déployées aux abords de Rungis (Val-de-Marne), comme l'a montré en images sur ses réseaux sociaux, la Préfecture de Police (PP) de Paris. Objectif affiché par le ministre : "tenir les points de manière défensive et communiquée, pour que personne ne soit surpris". La PP a également pris un arrêté "autorisant la captation, l'enregistrement et la transmission d'images au moyen de caméras installées sur des aéronefs", à compter du 29 janvier 2024. De cette manière, elle pourra employer les hélicoptères de la Gendarmerie, également mobilisés, ainsi que des drones, pour "regarder et anticiper les mouvements des tracteurs" complète Gérald Darmanin.

Et la mobilisation a également repris tôt lundi autour de Lyon, selon la préfecture du Rhône, qui a évoqué une opération escargot venue des Monts du Lyonnais puis des blocages d'autoroutes. Les branches locales de la FNSEA et les Jeunes agriculteurs (JA) ont promis "des ramifications partout dans la région".

Selon M. Rousseau, la séquence qui s'ouvre est celle d'une "semaine de tous les dangers, soit parce que le gouvernement ne nous entend pas, soit parce que la colère sera telle qu'ensuite chacun prendra ses responsabilités".

De son côté, M. Attal a concédé que, "à travers ces premières mesures (annoncées vendredi, NDLR), on n'a pas répondu encore à tout ce que je viens d'évoquer et ce qui constitue le malaise et le mal-être de nos agriculteurs aujourd'hui". "Et je suis résolu à avancer, avancer résolument, à avancer vite", a déclaré le Premier ministre à La Riche (Indre-et-Loire). Peu auparavant, dans une ferme au nord-est de Tours, M. Attal avait été interpellé sur de multiples volets de la crise: baisse des revenus, retraites faibles, complexité administrative, inflation des normes, concurrence étrangère… "Je veux qu'on clarifie les choses et qu'on voie les mesures (supplémentaires) que l'on peut prendre sur ces histoires de concurrence déloyale", a assuré le chef du gouvernement.

Mobilisations en Europe

"Je lui confirme, il faut aller beaucoup plus loin", a répondu M. Rousseau, qui a présenté des dizaines de doléances au gouvernement cette semaine: "tant que ces demandes ne seront pas satisfaites, la mobilisation sera totale", a-t-il dit.

M. Attal a dévoilé vendredi des mesures d'urgence, dont l'abandon de la hausse de la taxe sur le gazole non routier (GNR), des indemnités gonflées pour les éleveurs dont les bovins ont été touchés par la maladie hémorragique épizootique, des sanctions lourdes contre trois industriels de l'agro-alimentaire ne respectant pas les lois Egalim sur les prix.

Mais le président des Républicains Eric Ciotti a jugé ces réponses "ridiculement faibles" et plaidé, dans un entretien au Journal du Dimanche, pour un revenu minimum net mensuel des agriculteurs de 1.500 euros.

De son côté, en déplacement dans une exploitation agricole à Radinghem-en-Weppes (Nord), la cheffe de file de l'extrême droite, Marine Le Pen, a dénoncé la politique agricole du gouvernement. "Ils ne remettront pas en cause le modèle" qu'ils soutiennent "au niveau de l'Union européenne", "qui est un modèle qui tue l'agriculture", a-t-elle dit, estimant qu'il fallait "sortir l'agriculture des accords de libre-échange".

Exaspérés comme leurs voisins français par une politique agricole commune européenne selon eux déconnectée du terrain, des agriculteurs belges ont bloqué dimanche une autoroute dans le sud de leur pays. Des paysans se sont également mobilisés dernièrement en Allemagne, en Pologne, en Roumanie et aux Pays-Bas.

(Avec l'AFP)

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