Cinq personnes mises en examen, dont quatre placées en détention provisoire, pour avoir acheté des montres de grand luxe, dont une Rolex, à des particuliers avec de faux billets : voilà le bilan de l’une longue enquête menée la section de recherches (SR) de Versailles. Le mardi 19 novembre, cinq hommes et deux femmes âgés de 30 à 53 ans, se voient en effet placés en garde à vue dans le cadre d’une enquête pour « escroquerie en bande organisée ». Originaire des Balkans, cette bande à tiroirs mobilisait faux acheteurs, donneur d’ordre, fournisseur de faux billets, rabatteurs chargés d’identifier les montres en vente sur les sites spécialisés et revendeurs.
Tour de passe-passe digne des meilleurs prestidigitateurs
L’enquête démarre fin 2023 quand un homme se rend compte qu’il vient de vendre sa Rolex de collection à des escrocs qui l’avaient payé en faux billets. Le vendeur avait chargé son fils de vendre sa montre de luxe à des acheteurs dans un hôtel près de l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle. Pour l’occasion, les acheteurs – à l’élégance discrète et au vocabulaire choisi – avaient loué un salon privé. Là, dans une ambiance feutrée, le vendeur avait alors reçu 120.000 euros en espèces, dénombrés devant lui avec une compteuse à billets. Mais la majorité des billets étaient des faux, Un habile manipulateur faisait passer en boucle, dans la compteuse, la même liasse de vrais billets devant le vendeur. Pendant ce temps un comparse remplissait un sac de faux billets. Après des « recoupements minutieux », les enquêteurs ont identifié l’équipe d’escrocs.
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Les enquêteurs détectent ainsi que la montre de Roissy a été proposée à la vente en Italie et que les escrocs montés au contact habitaient les Pays-Bas. Il y a donc près d’une semaine, les gendarmes lancent un vaste coup de filet. Ils interpellent sept personnes et perquisitionnent à 14 adresses dans plusieurs départements français et aux Pays-Bas.
Perquisitions fructueuses
Lors de ces perquisitions, les gendarmes ont donc saisi six Rolex, quatre berlines allemandes, plusieurs dizaines de milliers d’euros en espèces et sur des comptes bancaires. Sans oublier portefeuilles de cryptomonnaies qui restent à évaluer, des faux billets, des bouteilles de champagne et de grands vins, une pierre précieuse estimée à 400.000 euros et des cartes Pokémon de collection.
Ce type d’escroqueries, dite « rip deal » (transaction pourrie), est une arnaque financière consiste à faire en un tour de passe-passe avec l’argent liquide et faux ou, plus récemment, avec des bitcoins. Les victimes se voient ainsi délestées d’objets de luxe (montres, grosses berlines), d’objets d’art et même d’appartements. Depuis des dizaines de décennies, des familles ou des clans, très bien organisés, ne ménagement pas leur temps pour endormir leurs victimes.
Depuis une dizaine d’années, explique à L’Essor Stéphane Ciejka, rédacteur en chef de La Revue des Montres, les montres de très haute de gamme, comme certains modèles de Rolex, « peuvent prendre 10 % de leur valeur chaque année ». Mais ce spécialiste qualifie de « grosse bétise » la vente d’une montre de très haut de gamme contre de l’argent liquide : « La victime aurait mieux fait de passer par un intermédiaire reconnu qui lui aurait pris une commission de 5 à 6 % ! ».
(PMG avec l’AFP)