Armement, formation, ou encore proximité : le directeur général de la gendarmerie nationale s’est longuement exprimé devant l’Association des journalistes de défense, ce mardi 4 juillet. Pendant une heure et demie, Richard Lizurey a dévoilé certains de ses projets pour la Gendarmerie et expliqué les enjeux qui se présentent pour l’institution.
Recrutement de 50.000 gendarmes dans les cinq ans. La Gendarmerie doit faire face à une hausse du nombre de gendarmes à former, 50.000 sur cinq ans. L’augmentation du nombre de départs – de 3.500 par an environ à 10.000 – est due à une « bosse générationnelle » causée notamment par la retraite des gendarmes recrutés au début des années 1980, la « Génération Mitterrand ». Pour Richard Lizurey, le dispositif de formation actuel va permettre « de répondre globalement à la demande ». « Il faudra travailler pour augmenter les capacités à l’école de Dijon, avec l’accueil de 5 compagnies supplémentaires », précise Richard Lizurey. Et de préciser que cette hausse de l’activité dans le recrutement oblige également de travailler sur le sujet de la formation continue. Plusieurs pistes ont été évoquées : l’enseignement numérique, la mutualisation de l’offre de formation avec la Police nationale sur des sujets précis (police scientifique, nouvelles technologies), et la recherche d’offres de formation dans l’Éducation nationale, pour ne.
Le terrorisme. Le directeur général de la Gendarmerie nationale est, depuis le 1 novembre 2016, prévenu directement, « dans le quart d’heure », par ses troupes de terrain en cas de suspicion d’attentat terroriste. Concrètement, le chef de patrouille est tenu d’informer le directeur général, sur son portable, via les commandants ou les centres opérationnels de groupement. précise Richard Lizurey. « Je n’ai pas vocation, derrière, à gérer les choses, car la hiérarchie fait son travail, poursuit-il. Mais cette information est indispensable, notamment eu égard à la vitesse des chaînes d’information. »
Armement. Le général Lizurey souhaite s’inspirer de la Police nationale pour la dotation de l’armement. Il souhaite en effet que le gendarme soit doté, à sa sortie d’école, « de son arme et de son matériel pour sa carrière ». Pour le moment, le matériel est affecté à une unité et non pas à un militaire en particulier. « C’est un changement fondamental dans notre mode de fonctionnement », avertit Richard Lizurey, qui souhaite que cette possibilité soit mise en place « dès l’année prochaine ».
Par ailleurs le DGGN a abordé le sujet du port d’arme hors service précisant qu’aujourd’hui, un « tiers des officiers et sous officiers de Gendarmerie sont autorisés à détenir leur arme hors service ». Enfin, les nouveaux moyens matériels mis en œuvre dans le cadre des plans terroristes, poursuit-il. Les obligations relatives au tir réglementaire prévoient un tir de 90 cartouches par an, contre 30 il y a deux ans.
La proximité. Un retour d’expérience sur l’expérimentation des brigades de contact, 30 en tout à ce jour, composées de 6 gendarmes, est prévu cet été. Elles ont été mises en place au 1 février. « Nous avons supprimé 500 brigades territoriales sur 3.600 ces dernières années, rappelle Richard Lizurey. Si nous poursuivions, nous pourrions aboutir à des déserts de sécurité. C’est pour cela que j’ai proposé une autre piste, celles des brigades de contact, pour redonner de la proximité, du lien entre la population et la Gendarmerie. » Les brigades de contact doivent permettre d’affirmer « la pérennisation de ce lien », car sinon,. Cette fonction de contact devrait être développée. Sous quelle forme ? La question n’est visiblement pas actée. « Nous verrons s’il y a lieu d’accroître le nombre des brigades ou de créer une fonction contact dans les unités », explique Richard Lizurey, qui souhaite redonner « de l’humanité à notre fonction ».
Cette proximité avec la population passera également par la mise en place d’un dispositif d’évaluation, prenant la forme, annuellement ou plus régulièrement, d’un échange entre les commandants d’unités, les élus et une partie de la population. « La Gendarmerie nationale n’existe pas pour elle même, mais pour la population qu’elle doit surveiller, qui doit dire comment le service est ressenti et comment il doit évoluer », souligne le directeur général de la Gendarmerie nationale.
Enfin, cette proximité doit être renforcée avec la création d’une brigade numérique, permettant notamment de restaurer du lien avec les populations. L’objectif, avec cette brigade numérique, est « d’avoir des vrais gendarmes, des professionnels qui répondent aux questions de la population », signale Richard Lizurey. Ce service, qui ne doit pas se substituer aux structures d’alerte du type du « 17 », doit cependant être encore affiné. « Nous devons travailler avec la Chancellerie pour que cette brigade ait une compétence nationale », remarque par exemple le directeur général. Des travaux donc à suivre.
Gabriel Thierry.
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