Annoncée par le directeur général de la Gendarmerie suite au drame de Saint-Just – au cours duquel trois gendarmes, dont un adjoint volontaire, avaient été tués par un forcené armé, à deux jours de Noël en décembre 2020 –, la professionnalisation des pelotons de surveillance et d'intervention (Psig) se concrétise encore davantage.
Le ministre de l'Intérieur, prenant acte des réflexions menées par la cellule nationale de retour d'expérience de la Gendarmerie et des propositions du directeur général, vient d'ailleurs d'annoncer un calendrier pour sa mise en place.
Le général Rodriguez veut professionnaliser les Psig
Évolutions de 3.000 postes de gendarmes adjoints volontaire
Le terme de professionnalisation, sans doute jugé un peu dévalorisant pour les unités dans leur forme actuelle, a d'ailleurs été mis de côté, sans être pour autant abandonné. Désormais, on parle plutôt de "densification" des Psig.
Concrètement, il s'agit de renforcer le caractère opérationnel de ces 395 unités en faisant évoluer les postes des gendarmes adjoints volontaires en postes de sous-officiers. Soit environ 3.000 emplois.
Actuellement, près de la moitié des personnels des Psig sont des gendarmes adjoints volontaires. Des jeunes gens recrutés de 17 à 25 ans pour des contrats de 2 à 5 ans, et qui reçoivent une courte formation d'une dizaine de semaines en école. Trop peu au regard des missions parfois sensibles qui leurs sont confiées.
Considérées comme l'intermédiaire entre les gendarmes de brigades et les unités d'intervention, les Psig sont implantés au niveau des compagnies de gendarmerie départementale. Outre leurs missions de surveillance et de sécurisation aux moments de la journée où se concentre l'activité délictuelle, ils sont chargés de contrer la délinquance, de constater des flagrants délits et de réaliser des opérations d'interpellation parfois musclées. Ils sont également les premiers appelés en renfort des unités territoriales, en cas de violences ou de désordres, y compris en présence d'individus armés.
Les pistes de la Gendarmerie pour réformer ses adjoints volontaires
Valse à trois temps
Dès 2022, la manœuvre débutera donc avec la transformation de 1.000 postes, répartis dans 145 pelotons de surveillance et d'intervention de la Gendarmerie (Psig). Des unités de métropole et d'outre-mer d'ores-et-déjà identifiées, comme le montre la carte diffusée par le ministère.
Elle se poursuivra ensuite en 2023 et en 2024 pour arriver à ces 3.000 transformations. En parallèle des postes, la réforme s'accompagne d'un volet pratique avec une amélioration de l'équipement des Psig (tenues, armement, matériel de protection…) et de la formation.
Une manœuvre d'ampleur
Cette transformation de 3.000 postes de gendarmes adjoints volontaires en postes de sous-officiers représente une manœuvre d'ampleur pour la Gendarmerie. Sur le plan financier et celui des ressources humaines, évidemment. D'ailleurs, les gendarmes adjoints volontaires affectés dans les Psig concernés par la transformation seront accompagnés vers les autres unités plus traditionnelles au titre de leur reclassement. Ils seront aussi encouragés à passer le concours de sous-officiers, lequel devrait d'ailleurs offrir davantage de places, pour combler le besoin en gendarmes.
L'ampleur se mesurera également au niveau logistique. Outre la formation, assurée en école puis directement au sein des unités, il faut également prévoir le logement de tout ces nouveaux sous-officiers. Dans la majorité des unités, les jeunes gendarmes adjoints volontaires vivent en effet dans des logements qu'ils partagent à plusieurs, similaires à des colocations étudiantes.
Une situation non-transposable pour des sous-officiers, qui bénéficient de logements individuels et s'installent bien souvent en caserne avec conjoint(e) et enfant(s). Les casernes risquent donc de vite se retrouver sous-dimensionnées. Reste la solution de l'externalisation des logements, comme c'est de plus en plus souvent le cas. L'Institution a donc encore du pain sur la planche pour mettre en place cette réforme dans les mois à venir.