Huit personnes d'un groupe antivaccins, soupçonnées d'avoir notamment harcelé en ligne deux parlementaires et un médecin, ont été arrêtées mardi dans cinq départements lors d'une opération coordonnée par l'Office central de lutte contre les crimes contre l'humanité (OCLCH).
La division de lutte contre les crimes de haine de l'OCLCH avait lancé l'enquête en mars 2021, sous la houlette du pôle national de lutte contre la haine en ligne. Plusieurs personnes, dont l'une interpellée mardi, avaient d'ailleurs été convoquées il y a trois mois par un officier de police judiciaire et leurs domiciles perquisitionnés. Les huit membres – deux hommes et six femmes – de ce groupe antivaccins baptisée "V_V" seront jugés ultérieurement à Paris pour harcèlement moral en ligne. Ils ont été interpellés dans cinq départements (Moselle, Rhône, Seine-et-Marne, Hauts-de-Seine, Finistère ).
Les deux hommes de 45 et 54 ans, dont un Mosellan leader des "V_V" en France, et les six femmes âgées de 40 à 52 ans sont tous Français et "bien insérés dans la société". Réfléchis et organisés, ils ont tous un travail (peintre, fonctionnaire, …) sans lien avec les professions de santé, selon les enquêteurs. Il leur est reproché d'avoir harcelé de façon concertée trois personnes entre le printemps et la fin de l'été 2021 : la députée LREM mosellane Isabelle Rauch, la sénatrice (PS) de Charente Nicole Bonnefoy et un chef de service du CHU d'Amiens. Plusieurs services de police et de gendarmerie, comme la section de recherches de Moselle, ont procédé aux interpellations.
Dénonciation du "chantage vaccinal"
Les "V_V" comptent environ trois cents sympathisants en France, dont une centaine vraiment actifs. Le nom du mouvement "V_V" viendrait du verbe italien "vivere" ("vivre") et son logo, un double V rouge au centre d'un cercle, détourne celui de la BD devenue film, "V pour Vendetta". Ils se coordonnent par l'intermédiaire de la messagerie Telegram, ont accès à des listes de personnes à cibler et mettent en oeuvre des moyens pour échapper à la détection automatique de Facebook. Sur les réseaux, leur tactique consiste notamment à laisser des commentaires sous les messages des personnes visées, plutôt que de poster des contenus. Leurs messages parfaitement identiques, sont ainsi publiés tous au même moment sous des publications d'institutions, d'élus ou d'articles de presse. Ils dénoncent le "chantage vaccinal", "le véritable virus (qui) est le gouvernement et le système qui tuent les personnes et détruisent la société" et disent "stop à la suppression des droits".
Dirigé par le général de gendarmerie Jean-Philippe Reiland, l'OCLCH regroupe une quarantaine d'hommes et de femmes. Une dizaine sont affectés à la division de lutte contre les crimes de haine, créée au printemps 2021.
PMG avec AFP
Des renforts à l’OCLCH pour lutter contre les crimes de haine