Confiée à la Gendarmerie, l’enquête sur l’enlèvement et le meurtre de la petite Maëlys, 8 ans, en août 2017, durant un mariage en Isère, a connu de nombreuses fuites dans la presse. Celles-ci ont conduit le Directeur général de la Gendarmerie et le procureur de Grenoble à s’écharper publiquement dans des échanges d’une violence inédite.
Une enquête pour violation du secret de l’instruction
Suite à une plainte de l’avocat de Nordahl Lelandais, le principal suspect, le procureur Jean-Yves Coquillat ouvre en effet une enquête pour violation du secret de l’instruction, le 24 octobre 2017. "Je suis excédé de voir tous les jours dans la presse tous les détails de l’enquête, y compris ceux que le parquet ne connaît pas", déplore-t-il alors auprès de l’AFP.
Il confie les investigations à la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) et à la Direction interrégionale de la police judiciaire de Lyon (DIPJ), et précise que "c’est la première fois qu’une enquête n’est pas confiée à l’inspection du service en question". Jean-Yves Coquillat annonce des sanctions pour l’auteur de ces fuites s’il est identifié, et estime qu’elles proviennent de la Gendarmerie.
"L'affaire Grégory n'a servi de leçon à personne"
Une mise en cause frontale, qui conduit le général d’armée Richard Lizurey à réagir de manière tout aussi inédite, en jugeant "scandaleuses ces accusations péremptoires de la part d’un magistrat. On est déjà condamné avant même qu’il y ait une enquête". Selon le patron des gendarmes, les "enquêteurs, jusqu’à preuve du contraire, n’ont pas fait de faute".
"Ce qui est scandaleux, ce sont les violations multiples du secret de l’instruction d’éléments qui nuisent à l’enquête", rétorquera le procureur sur France Info. Agacé d’avoir appris, le matin même de cette interview, des éléments de l’enquête par un journaliste, il décochera une flèche cruelle pour les gendarmes : "J’ai l’impression que l’affaire Grégory n’a servi de leçon à personne […] je retrouve tous les travers que l’on a eus […], avec les résultats que l’on connaît."
Depuis lors, deux nouvelles fuites ont provoqué l’ouverture de nouvelles enquêtes, mais aucune n’a abouti pour l’instant. Contrairement à l’affaire Grégory, l’affaire Maëlys a connu un épilogue judiciaire, grâce à l’action des gendarmes : le 18 février, Nordhal Lelandais a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une peine de sûreté de 22 ans.