<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> L’avis d’un expert des armes à propos des trois personnes tuées par la Police à Paris

Photo : Le fusil d'assaut HK G36 utilisé par la Police et la Gendarmerie

7 juin 2022 | Société

Temps de lecture : 3 minutes

L’avis d’un expert des armes à propos des trois personnes tuées par la Police à Paris

par | Société

Avec le décès d'une jeune femme passagère d'un véhicule dont le conducteur avait refusé d'obtempérer samedi 4 juin, ce sont au total trois personnes qui auront perdu la vie sous les tirs de policiers en l'espace de cinq semaines. Ce dernier drame prend cette fois-ci une tournure politique avec les mots de Jean-Luc Mélenchon, patron de la France insoumise, qui assure que "la Police tue", entrainant des réactions outrées du gouvernement, de la droite et de l'extrême droite. Qualifié de "factieux" par Jean-Luc Mélenchon, le syndicat policier Alliance annonce qu'il porte plainte.

Au delà de ces polémiques, et du débat sur la légitime défense – qui peut être opposée en cas de "risque mortel" pour le policier ou le gendarme – un expert judiciaire, qui a requis l'anonymat, relève une "formation insuffisante à l'usage des armes" , un "défaut d'encadrement" des policiers sur le terrain et une "maîtrise du feu défaillante". Il ajoute que l'ouverture du feu, dans un environnement souvent délicat, "nécessite l'expérience" de policiers confirmés pour encadrer leurs jeunes collègues. "La formation en écoles n'est pas assez importante et la remise à jour des policiers trop réduite", ajoute-t-il.

15 balles tirées en quelques secondes

D'autant plus que les armes des policiers et des gendarmes sont plus puissantes depuis 2015. Après les tueries islamistes meurtrières de 2015, les forces de sécurité ont en effet reçu des fusils d'assaut allemands HK G36 – des armes légères d'infanterie – pour tenter de faire pièce aux kalachnikov des terroristes.

Le HK G36 est une arme puissante qui peut expédier en quelques secondes une trentaine de balles de 5,56 mm, encore mortelles à 1.500 mètres de distance. Livré à l'époque aux BAC policières et aux Psig de la Gendarmerie, ce fusil est équipé d'un sélecteur de tir qui ne permet que le tir au coup par coup ou par deux coups. Mais si le tireur laisse le doigt appuyé sur la queue de détente, il peut vider son chargeur de 15 balles en quelques secondes !

Le pistolet semi-automatique Sig Sauer SP 2022 est l'arme de dotation des policiers et des gendarmes. D'un calibre de 9 mm, sa munition n'est encore mortelle qu'à 200 ou 300 mètres. Au départ du commissariat ou de la brigade, le porteur de ce pistolet fait monter une balle dans le canon. L'arme est alors dite "chambrée" et peut tirer instantanément une balle après avoir été sortie de son étui. Il suffit au tireur d'appuyer sur la queue de détente. Un chargeur peut contenir 15 balles.

Armement des gendarmes : le Sig-Sauer SP 2022 prolongé

Le dimanche 24 avril, au soir du second tour de l'élection présidentielle, sur le Pont Neuf à Paris, un policier avait tiré une dizaine de balles de son fusil d’assaut HK G36 en direction du conducteur d’une voiture et de l’un des passagers. Les deux hommes, âgés de 25 et 31 ans, sont soupçonnés d’avoir tenté de se soustraire à un contrôle. A l’issue de quarante-huit heures de garde à vue, le policier, âgé de 24 ans, avait été mis en examen pour "homicide volontaire", suscitant des réactions virulentes de certains syndicats de policiers et des rassemblements de protestation de policiers dans toute la France. L'objet de leur colère: le fait que la justice ne retienne pas la légitime défense.

Le samedi 4 juin en fin de matinée, lors d'un contrôle routier dans le nord de la capitale portant sur le non-port de la ceinture de l'un des quatre occupants d'une voiture, trois policiers tirent plusieurs balles avec leur pistolet Sig Sauer SP 2022 sur le véhicule qui refuse de s'arrêter. Bilan : une jeune femme de 21 ans tuée d'une balle dans la tête et le conducteur, 38 ans, grièvement blessé. Mis en garde à vue dimanche en fin de matinée, les trois policiers en sont sortis mardi en tout début d'après-midi, pour le moment "libres de toute charge", selon leur avocat Me Laurent-Franck Liénard.

PMG

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