Qu’il soit reconduit aux mêmes fonctions ou non dans le prochain gouvernement, il est temps de tirer un bilan du travail de Gérald Darmanin Place Beauvau. L’ancien locataire de Bercy avait remplacé Christophe Castaner le 6 juillet 2020.
Gérald Darmanin remplace Christophe Castaner au ministère de l’Intérieur
L’affaire Mélanie Lemée
A peine nommé, le jeune ministre de l’Intérieur avait été aussitôt plongé dans le bain de la Place Beauvau, surnommé le ministère de l’urgence. Le réceptacle des catastrophes, des attentats et des drames. Ainsi, le soir même de sa nomination, il apprenait la mort d’une gendarme, Mélanie Lemée, tuée par un chauffard qui voulait échapper à un contrôle routier. Le ministre fera son premier déplacement chez des gendarmes à la brigade de proximité de Port-Sainte-Marie pour rendre hommage à la militaire. Autre drame qui a frappé la Gendarmerie durant son mandat à l’Intérieur, la tuerie de Saint-Just, le 23 décembre 2020 qui s'est soldée par trois gendarmes tués.
Un ton assagi
Adepte d’une communication très terre à terre, Gérald Darmanin va soigner son vocabulaire au fil des mois. “J’aime beaucoup les enquêtes de victimation et les experts médiatiques, mais je préfère le bon sens du boucher-charcutier de Tourcoing”, expliquait d'abord crânement le ministre dans une interview à L’Express. Mais le ton du ministre, dont la légitimité sera contestée par les associations féministes à cause des accusations de viol portées contre lui, va devenir de moins en moins clivant. Abandonnant au passage des expressions telles que son “Je m’étouffe” qui avait choqué.
Bienvenue dans l’ère de la post-vérité
Maintien de l’ordre
La crise des Gilets jaunes l’a rappelé: un ministre de l’Intérieur, c’est d’abord un ministre qui sait gérer les très sensibles – et parfois explosives – questions du maintien de l’ordre. Sur ce sujet, Gérald Darmanin a bénéficié d’un contexte favorable, avec moins de Gilets jaunes dans la rue, plutôt occupée par des antivaxx bien plus calmes. Les gendarmes ont également bénéficié d'un répit du côté des "ZAD", ces projets contestés donnant lieu à des actions illégales, en nombre plus restreint ces dernières années. Le locataire de la Place Beauvau en a profité pour publier deux versions du schéma national du maintien de l'ordre, un document censé permettre de faciliter les opérations policières et les manifestations.
Les 7 péchés
Après avoir enterré les travaux du livre blanc sur la sécurité, auquel lui a succédé un “Beauvau de la sécurité” présidentiel, Gérald Darmanin a décliné ses projets de réforme en autant de péchés, sept. Des travaux qui ont semblé d’abord porter sur la Police, une institution en crise, plutôt que sur les gendarmes. Toutefois, certains des volets de ces travaux de réforme concernaient bien les militaires, comme la généralisation des caméras-piétons, en cours de déploiement chez les gendarmes et les policiers.
Des crédits en hausse
Grâce au plan de relance, Gérald Darmanin a pu être un ministre heureux. Comprendre : un élu qui a pu bénéficier d’une manne budgétaire importante. Comme le dira plus tard le sénateur Philippe Paul, “le père Noël est passé pour les gendarmes”. Outre des fonds supplémentaires pour la rénovation de casernes, l’Arme en a profité pour moderniser ses véhicules – dont les fameux et antédiluviens blindés -, acheté des Alpines et signé pour dix hélicoptères.
Avant l’élection présidentielle, Gérald Darmanin s'est une dernière fois présenté dans la posture du grand argentier. Cette fois-ci en annonçant des mesures pour la revalorisation des carrières. Un protocole de 700 millions d’euros pour les gendarmes qui devra toutefois être confirmé par le prochain gouvernement.
Budget 2021: « le père Noël est passé pour les gendarmes », assure le sénateur Philippe Paul