Deux magistrats pour chaque inspection générale. Outre l’arrivée d’Agnès Thibault-Lecuivre, à la tête de l’inspection générale de la police nationale (IGPN), un autre magistrat va débarquer à la tête de l’Inspection générale de la gendarmerie (IGGN), comme numéro deux. Il s’agit du juge Jean-Michel Gentil, qui secondera donc le général de corps d’armée Alain Pidoux. A noter à ce sujet que le général de division Pascal Segura venait tout juste d’être nommé chef adjoint, en mars dernier.
Le juge Jean-Michel Gentil va être nommé N•2 de l’inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) au 1er septembre. Il est actuellement vice-président chargé de l’instruction au TJ de Paris. Il avait instruit l’affaire Bettencourt quand il était à Bordeaux. (@Europe1)
— William Molinié (@WilliamMolinie) July 20, 2022
Une nouvelle mission pour l’inspection générale
Mais pour Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, c’est une façon de donner des gages d’ouverture et de limiter des suspicions de connivence qui nuisent à la crédibilité de ces deux services de contrôle. Une “révolution culturelle et un signe d’ouverture”, a même estimé le locataire de la Place Beauvau.
Le parcours de Jean-Michel Gentil
Né en 1960, le juge Jean-Michel Gentil s’est distingué avec une carrière placée sous le signe de l’instruction. Ce fils d’un garagiste avait choisi cette voie là pour être nommé à Dunkerque pour naviguer. Après sept années dans le Nord, il arrive à Nanterre où il deviendra un magistrat réputé pour sa ténacité.
Une réputation qui lui vaut d’être élu président de l’Association française des magistrats instructeurs, l’association qui regroupe les juges d’instruction. Le magistrat n’a pas peur de déplaire. Ainsi, en 2001, il met en examen l’avocat Antoine Sollacaro pour violation du secret de l’instruction, ce qui suscitera la bronca du barreau local.
Les dossiers très sensibles dévolus au juge Jean-Michel Gentil le mettront ensuite sous le feu des projecteurs. A Bordeaux, avec Cécile Ramonatxo et Valérie Noël, le magistrat hérite de l’instruction de l’affaire Woerth-Bettencourt. Un dossier où l’ancien président Nicolas Sarkozy sera mis en examen, avant ensuite de bénéficier d’un non-lieu. Le magistrat a également eu à suivre des dossiers d’ampleur, comme celui du “roi de l’arnaque”, mis en examen pour extorsion de fonds il y a quelques mois.
"Incorruptible"
Réputé inflexible, voire rigide pour certains observateurs, il a également la réputation d’un juge d’instruction rigoureux connaissant parfaitement ses dossiers. “C'était un peu le genre incorruptible, raconte à L’Express l’un de ses anciens camarades de Sciences Po Bordeaux. Pas un rigolo, mais il avait du recul sur son caractère et il s'amusait parfois à en rajouter”.
A l’IGGN, selon le général Alain Pidoux, cité dans Le Monde, le magistrat se concentrera sur les enquêtes internes et les signalements. En 2021, l’inspection a enregistré 160 enquêtes administratives internes ayant donné lieu à 68 sanctions, et a mené 111 enquêtes judiciaires. Un chiffre d’investigation en baisse qui traduit à la fois une baisse du nombre de saisines pour des violences liées au maintien de l’ordre et la volonté de “raccourcir les délais d'investigation" en réorientant certaines affaires vers les sections de recherches.
L’IGGN a également compté 2344 signalements de particuliers (+7%), dont 987 relevant de la compétence de l’inspection. L’Institution a en outre enregistré 253 signalements internes (+4,5%), essentiellement des affaires de harcèlement moral (137), des dossiers de discrimination (19), ou encore de harcèlement sexuel (14).
Comparaison des rapports IGPGn et IGGN
