Pour l'Essor, l’affaire commence par un message direct sur FaceBook. Un gendarme gradé veut nous parler. Il semble en détresse. Il nous communique une vingtaine de pièces de son dossier. Comme nous n’avons pas cherché à obtenir en réponse des éléments contradictoires, nous conservons, pour l’instant l’anonymat de cette personne. Mais nous nous autorisons d’ors et déjà quelques remarques :
- qu’un gradé ayant toujours donné satisfaction pendant trente ans se « frite » tout d’un coup avec son nouveau chef d’unité donne à penser que les torts ne sont sans doute pas d’un seul coté…
- Alors que la chaine de commandement a été informée (jusqu’au commandant de région), tous ont tenu à confirmer la position du supérieur hiérarchique…
- La concertation, si développée en Gendarmerie, ne concernent pas les punitions infligées, contrairement à ce qui se passe pour les personnels civils, qui bénéficient d’instances paritaires.
- Un gendarme punit peut porter plainte. C’est ce qu’a fait notre interlocuteur. Le procureur a classé sans suite…
- IL peut ensuite, bien sûr, contester cette décision de classement, devant une juridiction administrative, et même, pour préjudice subi, devant une juridiction civile. Mais l’adjudant-chef X.Y., pour l’instant, n’en démord pas : il veut faire reconnaitre qu’il n’a eu aucun tort (c’est son point de vue). D’où sa détresse.
- Il a dit à L'Essor : « Au travers de mon histoire, je souhaite que vous vous saisissiez de cette affaire pour montrer qu'en 2022, malgré les instances de concertation en Gendarmerie, des chefs se permettent d'écraser un militaire qui jusqu'à présent était considéré comme un élément de valeur (il suffit de lire ma notation de 2021). Les loups ne se mangeant pas entre eux, s'en prendre à un officier reste un crime de lèse-majesté impardonnable. » Mission accomplie, chef !
C’est en effet le rôle de L’Essor (Le journal de tous les personnels de la Gendarmerie depuis 86 ans ! ), assigné par son fondateur Jean Cousteix (adjudant-chef ER), de défendre les gendarmes, de les écouter, de les représenter – par nos articles – et parfois les défendre. Collectivement, quand les circonstances l’exigeaient, individuellement, quand des cas d’injustice présumée remontent jusqu’à lui.
Car L’Essor est en soi une institution dans l’Institution, comme l’a si bien dit le directeur de la gendarmerie le général Denis Favier en 2006. Un média dont l’utilité sociale, aujourd’hui comme hier, est de rendre le devoir de réserves de nos chers militaires un peu plus supportable.
Alain Dumait, directeur de L’Essor