Quand un ambassadeur écrit tout le bien qu’il pense du GIGN

Photo : Dans son récit, l'ambassadeur de France en Ukraine Etienne de Poncins ne tarit pas d'éloges à propos de l'action des gendarmes du GIGN. (Une: XO éditions - Montage: L'Essor)

21 novembre 2022 | Opérationnel

Temps de lecture : 3 minutes

Quand un ambassadeur écrit tout le bien qu’il pense du GIGN

par | Opérationnel

Ils sont arrivés à Kiev quelques heures avant le début de l’invasion de l’armée russe en Ukraine, le jeudi 24 février 2022. À temps pour organiser la défense de l’ambassade de France et les escortes de protection rapprochée de l'ambassadeur Etienne de Poncins, 58 ans. En début de soirée, l’ambassadeur de France à Kiev annonce […]

Ils sont arrivés à Kiev quelques heures avant le début de l’invasion de l’armée russe en Ukraine, le jeudi 24 février 2022. À temps pour organiser la défense de l’ambassade de France et les escortes de protection rapprochée de l'ambassadeur Etienne de Poncins, 58 ans. En début de soirée, l’ambassadeur de France à Kiev annonce qu’il est désormais sous la protection de gendarmes de la Force sécurité protection (FSP) du GIGN. Déployés dans les pays les plus instables ou en guerre, comme en Irak ou en Libye, la quarantaine de gendarmes de la FSP sont une référence en matière de protection rapprochée.

L’opération ukrainienne a été montée dans l’urgence en lien avec le directeur de la sécurité diplomatique (DSP) du Quai d’Orsay Eric Gérard, conseiller des affaires étrangères et ancien commandant du GIGN (1997-2002). "Devant la montée des périls", écrit Etienne de Poncins, Paris avait dépêché quelques jours plus tôt à Kiev un officier de la FSP en "précurseur" pour évaluer la situation. La sécurité de l'ambassade était assurée jusqu'alors par trois gendarmes, dits "gardes de sécurité diplomatique". Au total, ils sont quelque 300 gendarmes présents dans 90 emprises diplomatiques françaises dans le monde.

Une opération montée en urgence

Le mardi 22 février, un convoi de trois véhicules –un fourgon et deux 4×4 blindés– quitte la caserne Pasquier de Satory, près de Versailles. Direction Kiev à 2.400 km. Dans la soirée du 23 février, une "douzaine d’hommes du GIGN surarmés", relève Etienne de Poncins, arrivent à l’ambassade de France et y déploient "leur impressionnant matériel" (armes, transmissions, protections balistiques, fumigènes).

Etienne de Poncins va tenir au jour le jour, à partir du 24 février, un journal de marche qu’il a retranscrit en un livre de 340 pages "Au cœur de la guerre" (éditions XO, 345 pages, 20,90 euros) qui vient de paraître. Un livre à hauteur d'homme dont le ton tranche avec celui des notes diplomatiques. Tout au long de la première partie de son ouvrage, il cite fréquemment le GIGN qui nous "a soutenu, suivi et aidé", le "talent" des gendarmes, "leur courage remarquable", leur aptitude à mettre en œuvre "une manœuvre délicate parfaitement bien organisée". Des éloges qui se répètent au fil des pages.

105 personnes dans 42 véhicules

Etienne Poncins remercie également "nos courageux gendarmes du GIGN qui sont en première ligne et prennent les plus grands risques". Il raconte l’opération de transfert de l’équipe diplomatique française, de diplomates japonais et belges, de ressortissants français, italiens et polonais depuis Kiev vers la frontière moldave au sud de la capitale ukrainienne, quatre jours après le début de "l’opération spéciale" de Vladimir Poutine. Le "grand convoi", précise Etienne de Poncins, est impressionnant: 105 personnes réparties en 42 véhicules! Les deux seules voitures blindées et blanches, venues de Satory, sont placées de par et d'autre du convoi. L’une en tête, avec des gendarmes du GIGN et des personnels de la DGSE, "dont le courage est remarquable". À chaque point de contrôle ukrainien, ils descendent du véhicule pour négocier le passage de l'imposant convoi. L’autre 4×4 ferme la marche.

Un véhicule 4x4 blindé utilisé par la Force sécurité protection (FSP) du GIGN en Ukraine. (photo illustration: PMG / L’Essor)

(Photo d'illustration : PMG/L'Essor)

Xavier, le chef des gendarmes du détachement du GIGN est installé sur la siège passager avant du véhicule dans lequel se trouvent l’ambassadeur et l’attachée de défense française, au milieu du convoi. À un moment, des explosions retentissent à proximité des voitures immobilisées près de la ligne de front. À la radio, en français et en anglais, l’officier du GIGN, "nous invite à conserver notre calme et surtout à ne pas sortir des voitures : Keep quite, do not leave the vehicules", se souvient l'ambassadeur.

"Anges gardiens"

Finalement, le convoi atteindra sain et sauf la frontière moldave, près de Lasi, après une odyssée d'une trentaine d’heures. Vingt-quatre heures plus tard, le 2 mars, Etienne de Poncins gagne par la route depuis la Pologne, la ville ukrainienne de Lviv, à 500km à l’ouest de Kiev, où a été redéployée provisoirement l’ambassade de France. Il y accueillera le 11 avril une équipe de l’Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale (IRCGN). "Ces gendarmes légistes parmi les meilleurs au monde", assure Etienne de Poncins, sont venus avec leur camion laboratoire pour travailler sur les crimes de guerre imputés à l’armée russe.

L’ambassadeur de France, toujours escorté par "ses anges gardiens" du GIGN, se réinstallera ensuite à Kiev où il accueillera le 16 juin Emmanuel Macron.

Pierre-Marie GIRAUD

Arrivée à Kiev d’un détachement de la Force sécurité protection (FSP) du GIGN pour assurer la protection de l’ambassade et de l’ambassadeur.

La Lettre Conflits

La newsletter de l’Essor de la Gendarmerie

Voir aussi