Installé au Royaume Uni depuis 2015 pour échapper à ses diverses condamnations, Vincent Reynouard, 53 ans, était traqué par l'Office central de lutte contre les crimes contre l'humanité et les crimes de haine (OCLCH) depuis deux ans. Vivant sous un faux nom, il avait échappé une première fois à l'arrestation par la police britannique il y a un an, en octobre 2021. Cet homme, qui se qualifie de "révisionniste et d'héritier de Robert Faurisson" (chef de file des négationnistes décédé en 2018), a été interpellé par la police écossaise sur la base d'un "renseignement français", dans la région d'Anstruther, un petit port de pêche au nord d'Édimbourg, sur la base d'un mandat d'arrêt émis par la France.
Sa traque avait commencé en août 2020 après qu'un tag "Reynouard a raison" avait été retrouvé sur le mémorial d'Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne), où 642 hommes, femmes et enfants furent massacrées par une compagnie d'un régiment de la division SS Das Reich le 10 juin 1944. Dans plusieurs vidéos diffusées sur internet, Vincent Reynouard avait remis en cause ce massacre. Sur son site, cet ancien enseignant, révoqué pour négationnisme, annonçait d'ailleurs en juin 2022 avoir terminé un ouvrage de 350 pages sur ce massacre qu'il qualifie de "mise en scène", dédouanant du même coup la division Das Reich. Quant à l'Holocauste et les chambres à gaz, il s'agit pour lui de "bobards de guerre".
Le chef de l'OCLCH, le général de brigade Jean-Philippe Reiland, de la Gendarmerie nationale, a précisé à l'Agence France-Presse qu'il "n'existe pas d'incrimination pour négationnisme au Royaume-Uni, mais que grâce à un vieil extrait d'un arrêt de la cour d'appel de Caen de 2015", qui avait condamné Vincent Reynouard à un an de prison ferme pour négation de crimes contre l'humanité, "nous avons pu convaincre les Britanniques d'aller le chercher". Lors de sa présentation devant un juge d'Édimbourg, Vincent Reynouard a refusé son extradition vers la France. Il a été incarcéré dans l'attente d'une nouvelle audience en vue de son éventuelle remise à la justice française.
La dernière condamnation (six mois de prison ferme) remonte à janvier 2021, pour une vidéo publiée en 2019 dans laquelle il nie la réalité de la Shoah.
PMG (avec AFP)