Ce maréchal des logis-chef (inscrit au tableau d'avancement (ITA) pour le grade d'adjudant) de 35 ans, père de deux enfants, chef de groupe à l'antenne GIGN (AGIGN) de Cayenne, en Guyane, était engagé sur une opération visant un site d'orpaillage clandestin à Dorlin, à 150 kilomètres au sud-ouest de Cayenne, lors d'une mission conjointe avec l'armée de Terre, au sein du Parc national amazonien de la Guyane.
Au cours de l'opération, il a été pris à partie et tué d'une balle. Il s'était engagé comme gendarme adjoint volontaire en 2009 et servait à l'antenne GIGN de Cayenne depuis 2019. Ce sous-officier est le second membre d'une antenne GIGN mort en mission. Le 21 mai 2016, l’adjudant Alain Nicolas de l’antenne GIGN d’Orange avait été tué par un forcené à Gassin (Var).
Opération d'infiltration
En compagnie de deux autres gendarmes de l'AGIGN de Cayenne, de quatre militaires de l'armée de Terre et d'un infirmier, il s'était "fait déposer par hélicoptère en forêt afin de mener une opération d'infiltration pendant plus de deux jours pour atteindre une base logistique" d'orpailleurs, selon la Gendarmerie. Peu avant 6h00 du matin (heure locale), le groupe a été pris à partie par une bande armée. Après des échanges de tirs nourris, le sous-officier de gendarmerie a été touché par balle au thorax. Il est décédé malgré les premiers secours prodigués par l'infirmier.
Identifiée, la bande armée est activement recherchée. Le parquet a ouvert une enquête, confiée à la section de recherches de Cayenne. Le drame s'est produit dans le même secteur où deux militaires du 9e régiment d'infanterie de marine (Rima) avaient été tués en 2012.
Le GIGN compte un millier d'hommes et de femmes: 400 directement rattachés au GIGN central à Satory (Yvelines), 350 dans les antennes GIGN de métropole (Toulouse, Orange, Dijon, Nantes, Reims, Tours et Caen), et 250 dans les AGIGN d'outre-mer (Guadeloupe, Martinique, Guyane, La Réunion, Nouvelle-Calédonie, Polynésie française et Mayotte). Soit un total de 14 AGIGN. Il est commandé par le général de division Ghislain Réty, qui se rend en Guyane.
Hommages et solidarité
Le président de la République Emmanuel Macron a exprimé "sa grande émotion" et "salué le courage et la mémoire" du sous-officier. La Première ministre Elisabeth Borne a fait part de sa "tristesse" et adressé ses "condoléances à sa famille, à ses proches, ses camarades et toute la Gendarmerie". Le général d’armée Christian Rodriguez, directeur général de la Gendarmerie nationale, a "apporté tout son soutien et celui de l’Institution à la compagne, aux enfants, à la famille et aux proches d'Arnaud Blanc, ainsi qu’à l’ensemble de ses camarades touchés par cette terrible épreuve."
Une cagnotte solidaire a été ouverte auprès de la Fondation "Maison de la Gendarmerie" pour venir en aide à la compagne du gendarme décédé et à leurs deux enfants, âgés de 5 et 2 ans.
L'Essor de la Gendarmerie adresse toutes ses condoléances à la famille du militaire et tout son soutien à l'ensemble du GIGN et aux gendarmes de Guyane.
Le fléau de l'orpaillage illégal
Selon l'Observatoire de l'activité minière (OAM), quelque 500 sites d'orpaillage illégal seraient toujours actifs, dont 150 situés au coeur du Parc national amazonien, créé en 2007 pour protéger la forêt amazonienne et sa biodiversité. En 2022, les autorités ont mené plus de 1.000 patrouilles en forêt contre l'orpaillage illégal, saisissant 59 kilos de mercure et 5 kilos d'or. D'après les opérateurs miniers locaux, 10 tonnes d'or seraient extraites illégalement de Guyane chaque année par les "garimpeiros". Pour séparer l'or du minerai, ces mineurs clandestins utilisent de grandes quantités de mercure, métal toxique qui pollue les sols, les cours d'eau et la faune et favorise la déforestation.
Au Brésil voisin, le gouvernement du président Lula a engagé une très vaste opération de lutte contre l'orpaillage clandestin, ce qui a sans doute incité des "garimpeiros" à venir en Guyane française. De plus, le kilo d'or a atteint récemment 58.000 euros.
PMG (avec AFP)
(Article mis en ligne samedi 25 mars 2023, mis à jour le dimanche 26 mars avec des précisions sur le sous-officier de l'AGIGN de Cayenne tué, données par la radio guyanaise Peyi, et le lundi 27 mars avec le lien vers la cagnotte solidaire officielle.)