Comment mieux travailler avec et pour la population? Le colonel Dominique Schoenher, l’ancien directeur adjoint du Centre de recherche de l’École des officiers de la gendarmerie nationale (Creogn) vient de lister une série de mesures intéressantes sur ce sujet qui ne manqueront pas de faire réagir.
L’officier supérieur, chef de l'antenne de l'Inspection générale de la gendarmerie de Metz, vient en effet de publier des recommandations – une réflexion personnelle – dans le cadre de sa formation au Centre des hautes études du ministère de l'Intérieur, où il est auditeur. Autant de suggestions qui montrent que cette recherche de proximité conduirait à changer parfois en profondeur le travail au quotidien de nombre de gendarmes.
Enjeu de la relation de proximité entre la #population et la #gendarmerie : réflexion proposée dans cette nouvelle Note du @Creogn :"Comment mieux produire la #sécurité, pour et avec la population ?"https://t.co/affgRo7UJR pic.twitter.com/wkEKv8yQ29
— Centre de recherche de l'EOGN (@Creogn) February 21, 2023
Bilan 2022 des questions posées par L’Essor à ses lecteurs. Leurs réponses.
Mieux associer la population
Car, si la politique de sécurité du quotidien – la nouvelle appellation de cette police de proximité – a été poussée par le chef de l’Etat en 2017, ce chantier semble encore inachevé pour l’officier supérieur. Cela implique, rappelle-t-il, de mieux prendre en compte les besoins de la population et y répondre, mais également de l’associer davantage dans la définition et la conduite des politiques de sécurité. “Pour résumer ma perception des évolutions en faveur de la proximité, si la démarche ‘aller vers’ apparaît bien engagée, celle de ‘faire du nous’ peine encore à se concrétiser dans un cadrage institutionnel tenant le citoyen à distance”, remarque-t-il en conclusion de sa note de réflexion.
Si le ton de l’officier supérieur reste très factuel, on y lit en creux une envie de s’inspirer du modèle anglo-saxon de “community policing”, cette police des communautés. Concrètement, le gendarme distingue quatre grands objectifs regroupés en 17 recommandations.
Ainsi, pour Dominique Schoenher, il faudrait d'abord renforcer le partage d’information avec la population en rendant mieux compte de l’activité policière, en encourageant la population à s’exprimer sur la qualité de ses interactions avec les forces de l’ordre, et en améliorant la connaissance de la population sur l’organisation, le fonctionnement et le rôle des forces de sécurité ainsi que sur les enjeux de sécurité publique. Concrètement, un outil pratique pour répondre à ce constat pourrait être le développement d’une “application officielle de recueil et de localisation des problèmes de sécurité perçus par la population”.
Changer de culture professionnelle
Ensuite, l’officier supérieur appelle à changer de culture professionnelle. Il faudrait, estime-t-il, “enseigner, valoriser et encourager les approches partenariales à tous les niveaux hiérarchiques”. De même, il suggère de “réécrire la formule d’assermentation” et de “garantir par le recrutement et la formation les qualités empathiques des membres des forces de l’ordre”.
Il appelle également à “encourager les pratiques les plus bénéfiques pour les interactions avec la population” et à “assurer un traitement efficace des comportements inappropriés des membres des forces l’ordre”. Enfin, il suggère de renforcer l’évaluation non judiciaire des services et des personnels et d’assurer un suivi des pratiques partenariales au sein de territoires aux caractéristiques similaires.
Créer plus de liens
En matière de lien avec les jeunes, le colonel préconise de travailler sur des modes de contact adaptés, comme les jeux de simulation ou le sport, en se basant sur des supports attirants, des animaux aux technologies. L’officier supérieur appelle à “multiplier les opportunités d'immersions et de rencontres, physiques et virtuelles” et à construire un parcours prévention-sécurité tout au long de la scolarité.
Enfin, pour impliquer davantage la population, Dominique Schoenher appelle à “construire un véritable dispositif de participation citoyenne de gouvernance des politiques publiques de sécurité” et à ”constituer et fidéliser une réserve dédiée au contact et à la prévention de proximité”. Il suggère en outre de tester la constitution d’équipes de contact mixtes mêlant des gendarmes et des jeunes volontaires du Service national universel, et de former et employer ces jeunes volontaires aux missions de prévention, de médiation et de contact.
Autant de pistes à explorer pour la suite de Gend 20-24, cette feuille de route de l'Arme justement destinée à rapprocher le gendarme des habitants?….