Gendarmes et policiers n'avaient franchement pas besoin de ça. L'annonce d'une nouvelle mobilisation mi-juillet 2024, faite par les collectifs d'opposants aux "bassines" –ces réserves d'eau construites au profit de groupements agricoles– n'a évidemment pas reçu un écho positif, notamment au sein de la sphère des forces de sécurité. D'autant que, comme escompté par ses organisateurs, cette nouvelle mobilisation tombe au plus mal, en plein pendant une période où leur sollicitation sera déjà maximale.
Les dates des 20 et 21 juillet 2024, choisies par les organisateurs de cette nouvelle action revendicative, ne sont pas dues au hasard. En effet, outre l'intense mobilisation des forces de sécurité sur d'autres événements d'ampleur, comme le Tour de France qui se terminera au même moment dans le sud de la France, le pays s'apprêtera à accueillir les Jeux Olympiques de Paris 2024 quelques jours plus tard, le 26 juillet, avec un déploiement total et inédit des policiers et des gendarmes.
Attirer les regards
"Alors que les regards du monde entier se porteront sur le démarrage des Jeux olympiques à Paris, il s'agira de nous allier pour remporter la plus essentielle des épreuves: trouver les gestes communs pour que l'eau soit enfin protégée dans ce pays et partout ailleurs", écrivent dans un communiqué commun Bassines non merci et les Soulèvements de la terre qui dénoncent régulièrement un "accaparement" d'un bien commun par "l'agro-industrie".
"Le week-end de mobilisation du 20 et 21 juillet sera précédé d'un village d'une semaine (du 14 juillet au soir au vendredi 19) pour se rencontrer, se solidariser, se préparer, commencer à agir, et construire l'avenir de nos luttes", ajoutent-ils sans préciser le lieu du village et du rassemblement.
La crainte de nouveaux affrontements
Les organisateurs avaient également entretenu le flou pendant des mois avant de dévoiler le lieu de leur dernière mobilisation anti-bassines à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), le 25 mars 2023. Celle-ci, interdite par les autorités, avait donné lieu à de violents affrontements entre des manifestants et plus de 3.000 gendarmes déployés pour interdire les manifestants d'approcher du chantier de la "méga-bassine".
Des heurts avaient aussi émaillé le précédent rassemblement, en octobre 2022, pour lequel les forces de l'ordre avaient déjà déployé plus de 1.600 personnes.
L'été prochain, les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris-2024 vont entraîner une mobilisation massive des forces de l'ordre. Le besoin est tel que les directions de la Police et de la Gendarmerie nationales ont reçu pour consignes de ne pas autoriser les congés pendant cette période. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait également évoqué fin 2022 la nécessité d'annuler ou reporter des événements culturels à l'été 2024. Certains grands rendez-vous ont été sanctuarisés, mais d'autres ont changé de dates, à l'image du festival d'Avignon, qui commencera fin juin, ou des fêtes de Bayonne avancées du 10 au 14 juillet au lieu de fin juillet.
Une protestation durable
Des collectifs protestent depuis des années dans les Deux-Sèvres contre la construction de seize réserves d'eau creusées dans la terre afin de stocker de l'eau puisée dans les nappes en hiver pour irriguer les cultures en été. Leurs partisans en font une assurance récolte indispensable à la survie des agriculteurs face aux sécheresses à répétition.
Une seule bassine fonctionne déjà, une autre est en construction et le permis d'aménager de la troisième a été suspendu en référé début novembre 2023 par le tribunal administratif de Poitiers, car la mairie qui l'avait signé est une des bénéficiaires du projet.
(Avec l'AFP)
Sainte-Soline: le procès des organisateurs suspendu jusqu’au 28 novembre
