Le jeune gendarme grièvement blessé par balle à la tête ce mercredi 15 mai 2024 en Nouvelle-Calédonie a succombé à ses blessures, a annoncé le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. Selon les informations de L'Essor, ce gendarme de 22 ans appartenait à l'escadron de gendarmerie mobile (EGM) 211/1 de Melun. Les faits se sont déroulés mercredi à Plum, à une trentaine de kilomètres au sud de Nouméa, une région où de violents affrontements opposant une partie de la population avec des gendarmes ont lieu depuis plusieurs jours.
"Il a retiré son casque et il s'est fait tirer dessus en plein front"
Ce jeune gendarme a été touché par une balle "après une nuit de protection dans un endroit particulièrement dangereux", a précisé Gérald Darmanin, lors des questions au gouvernement au Sénat. "Les 'vieux', comme on dit chez vous en Nouvelle-Calédonie, sont venus parler aux gendarmes, il a retiré son casque et il s'est fait tirer dessus en plein front", a-t-il ajouté. Pris en charge dans un premier temps par une équipe médicale du Régiment d'infanterie de marine du Pacifique (RIMaP), il a été ensuite acheminé vers l'hôpital de Nouméa où il est décédé en fin de soirée.
Un article de Gendinfo, le magazine officiel de la Gendarmerie nationale, vient d'apporter plusieurs précisions sur ce jeune gendarme tué. Nicolas Molinari, 22 ans, célibataire sans enfant, servait au 4e peloton porté de l’EGM 221/1. Il était entré en gendarmerie en 2020, comme gendarme adjoint volontaire. Après une formation à l’école de gendarmerie Montluçon, il avait été affecté à la brigade de proximité de Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme), puis au PSIG de Romans-sur-Isère (Drôme). Admis en 2022 au concours de sous-officier, il intègre à nouveau l’école de gendarmerie de Montluçon. A l’issue de sa scolarité, il choisit la gendarmerie mobile et l’escadron de gendarmerie mobile 211/1 de Melun.
Deux cagnottes solidaires ont été lancées sur Internet pour venir en aide aux proches du gendarme Nicolas Molinari. Une première cagnotte avait été lancée sur la plateforme grand public Leetchi. Après près de 3.000 participations, elle a été clôturée au profit de la seconde, lancée auprès de la Fondation "Maison de la Gendarmerie", au profit de ses parents. Elle est accessible sur ce lien.
45e gendarme décédé en Nouvelle-Calédonie
C'est le 45e gendarme décédé en service commandé en Nouvelle-Calédonie depuis 1853, date de la prise de possession par la France de ce territoire, selon un recensement effectué par l'Union nationale des personnels et retraités de la gendarmerie en Nouvelle-Calédonie (UNPRG-NC).
En 1878, lors de la grande révolte des Kanaks contre la spoliation de leurs terres, 14 gendarmes avaient été tués. C'est le plus lourd bilan jamais enregistré en Nouvelle-Calédonie. De 1983 à 1988, période marquée par de très nombreuses violences meurtrières, , 11 gendarmes ont trouvé la mort. Ces violences ont culminé avec le 22 avril 1988, lorsqu'un commando indépendantiste du FLNKS avait attaqué la brigade de Fayaoué sur l'île d'Ouvéa, tuant quatre gendarmes, prenant 27 autres gendarmes en otage et emportant des fusils d'assaut et un fusil-mitrailleur. Douze otages avaient été libérés rapidement par leurs ravisseurs dans le sud de l'île et les quinze autres avaient été emmenés dans une grotte à Gossanah dans le nord, puis rejoints par cinq autres otages, membres du GIGN. Le 5 mai, entre les deux tours de l'élection présidentielle, un assaut de l'armée et du GIGN avait libéré tous les otages mais au prix d'un bain de sang. 19 Kanaks et deux militaires des forces spéciales avaient été tués.
(Actualisé avec éléments biographiques sur le gendarme mobile de l'EGM 211/1 tué et nouveaux chiffres sur les gendarmes tués en Nouvelle-Calédonie depuis 1853).
PMG (avec l'AFP)