Le ministère de l'Intérieur vient de publier une première photographie de l'ensemble des crimes et délits commis en 2023 en France et constatés par la Police et la Gendarmerie.
Ainsi les homicides ont passé la barre symbolique du millier avec 1.010 meurtres enregistrés, soit 5% de plus qu'en 2022, tandis que les tentatives d'homicides (4.055) augmentaient de 13%, selon le service statistique de la Place Beauvau. De même, les viols ou tentatives de viols (42.700) en hausse de 10% participent largement à la croissance (8%) de l'ensemble des violences sexuelles (8%). Une hausse relevée depuis 2018. Cela "s'explique notamment par une évolution du comportement en matière de dépôt de plainte des victimes, dans le prolongement de l'affaire Weinstein" (octobre 2017) et par le hashtag "#metoo" qui a favorisé "la libération de la parole des victimes", estiment les statisticiens qui y voient également l'effet du meilleur accueil des plaignantes dans les commissariats et les brigades.
Les cambriolages continuent d'augmenter de 3%, tout comme les escroqueries (7%), les vols de véhicules (5%) et les vols avec armes (2%). Les auteurs de crimes ou délits sont principalement âgés de 15 à 24 ans. Les étrangers (8% de la population) représentent 17% du total des mis en cause, mais 38% pour les cambriolages et 40% pour les vols de voitures. Les dégradations et destructions volontaires ont quant à elles explosé de 140% entre le 27 juin et le 3 juillet, c'est à dire pendant la quinzaine de jours d'émeutes et de violences qui ont suivi la mort de Nahel, tué par un policier, par rapport à la même période en 2022.
Beaucoup plus d'homicides outre-mer qu'en métropole
Une géographie des crimes et des délits, met par ailleurs en lumière les différences considérables en 2023 du taux d'homicides (pour 10.000 habitants) selon les régions : il va de 0,7 en Bourgogne-Franche-Comté à 20,6 en Guyane, soit une multiplication par 30 ! Dans le détail, alors que le taux d'homicides s'établissait à 1,3 sur l'ensemble de la métropole en 2023. Il avait atteint 20,6 en Guyane, 9,4 en Guadeloupe, 6,9 en Martinique, et 5,5 à Mayotte l'année passée.
Lors d'une audition le 25 janvier 2024 au Sénat, le général de corps d'armée Lionel Lavergne, commandant la gendarmerie d'outre-mer, relevait que 50% des agressions en France contre les gendarmes avaient été commises dans les territoires ultra-marins en 2023 et que les blessés chez les gendarmes représentaient un quart de tous les gendarmes blessés sur toute la France.
Par ailleurs, le taux des vols à main armée dans les territoires ultramarins est très largement supérieur à celui de la métropole (0,1 pour 1.000), avec 3 pour 1.000 en Guyane, 2,5 pour 1.000 à Mayotte, 1,3 pour 1.000 en Guadeloupe et 0,6 pour 1.000 en Martinique.
PMG (avec l'AFP)
Un gendarme grièvement blessé par un scooter lors d’un refus d’obtempérer en Martinique