En dix minutes lundi 29 janvier 2024 après-midi, devant la cour d'assises spéciale qui juge les sept complices de l'assassin de son fils, Nicolle Beltrame a vigoureusement défendu son geste, refusant de qualifier de "victime" son fils ainé, mort à l'âge de 44 ans.
Le visage lumineux, elle a assuré qu'Arnaud Beltrame "n'était pas seulement le héros de la France mais aussi (son) fils qui a été tué par une brute terroriste". Elle dit "pleurer un fils et être fier de lui", car, ajoute-t-elle, "sa vie était la Patrie, mais ce n'était pas une tête brûlée". Six ans après, "je continue à porter son image" alors que quelque 450 rues ou bâtiments portent le nom "Colonel Arnaud Beltrame" dans toute la France.
Mère de trois enfants, Nicolle Beltrame poursuit : "On fait des enfants pour qu'ils soient heureux et qu'ils assument leur vie". Elle souhaite "bon courage à toutes les victimes de cette cochonnerie de terrorisme". Elle demande enfin "à la justice de punir très sévèrement les terroristes".
À la barre, Damien, qui explique avoir"eu la chance d'être le petit frère" d'Arnaud Beltrame, parle de "la souffrance des familles" des quatre personnes tuées par Radouane Lakdim et la "souffrance" des autres victimes. "Mon frère n'a pas été une victime, il a d'abord été blessé par le terroriste avant de se battre avec lui et d'être mortellement blessé". Il a rappelé la devise inscrite sur l'une des plaques déposées sur la tombe de son frère : "Qui ose vaincra", celle des parachutistes de la France Libre. "Là où Arnaud a gagné, c'est qu'il y a eu ensuite des dizaines de jeunes gens qui sont devenus gendarmes ou policiers à la suite de son acte".
Pierre-Marie GIRAUD
Les minutes du huis clos sanglant entre Arnaud Beltrame et Radouane Lakdim