En pleine campagne des élections européennes, une passe d'armes a éclaté ce dimanche 2 juin sur les réseaux sociaux entre le général d'armée Christian Rodriguez, directeur général de la Gendarmerie nationale, et le Rassemblement national (RN). En cause : un tweet du parti d'extrême droite montrant un gendarme mobile de dos avec la mention "Je suis gendarme, je vote Bardella".
Le général Rodriguez a vivement dénoncé cette affiche, y voyant une entorse au "statut militaire" qui impose une stricte neutralité politique aux gendarmes. "Vous semblez ignorer que le statut militaire interdit ce genre de message", a-t-il lancé au RN sur le réseau social X (ex-Twitter), jugeant le message "inadmissible".
Les APNM derrière le directeur général
Le parti de Jordan Bardella a défendu une publication "tout à fait légale" car n'affichant pas "le visage d'un gendarme". "Nous publions des visuels sur de nombreuses professions", s'est justifié le RN, citant une affiche similaire avec un militaire et le slogan "Je suis militaire, je vote Bardella".
Mais pour les associations professionnelles de gendarmes, cette "propagande électorale" est "ridicule" et "pas très intelligente". "Cette méthode vise à instrumentaliser les gendarmes", a dénoncé l'association AG&C dans un communiqué, rappelant que "les gendarmes votent dans l'isoloir comme chaque Français avec la garantie constitutionnelle du secret". L'association GendXXI a jugé sur X (ex-Twitter) "l'utilisation à des fins politiques de l'image de la Gendarmerie inacceptable et contraire à toutes nos valeurs".
Une possible qualification de fraude électorale
Pour l'avocate spécialiste en droit électoral Alexandra Aderno, le tweet pourrait constituer un amalgame trompeur qui, en matière électorale, "peut-être qualifié de fraude électorale" . "On donne l'impression que si on est gendarme, on doit voter pour le RN", analyse-t-elle. Et même sans mention explicite, "un juge pourrait considérer que cela s'apparente à de la publicité trompeuse voire mensongère".
La présence du gendarme sur la photo, ajoute l’avocate du cabinet Seban, pourrait en outre laisser penser qu’il existe "un accord de principe avec la Gendarmerie pour un appel au vote" qui pourrait avoir une influence sur la population.
Le débat se poursuit entre Jordan Bardella et Gabriel Attal
Jordan Bardella a contre-attaqué, reprochant sur X (ex-Twitter) au général Rodriguez de "prendre à parti publiquement un mouvement politique en pleine campagne officielle", alors que, selon lui, "les gendarmes respectent le devoir de réserve dans leurs fonctions". "Ils ne sont pas des sous-citoyens : ils votent, beaucoup pour le RN, ce qui a l'air de vous contrarier", a-t-il lancé.
Le Premier ministre Gabriel Attal a lui aussi critiqué Jordan Bardella ce lundi 3 juin sur franceinfo estimant que "celui qui dit en permanence à tout le monde qu'il faut respecter l'autorité, respecter ceux qui nous protègent, il fait la leçon, il s'adresse avec condescendance et il injurie quelque part le directeur général de la Gendarmerie".